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Des dizaines de volontaires venus de Suisse au sein des forces ukrainiennes

Combattants suisses en Ukraine
Combattant suisses en Ukraine
Dès la première semaine du conflit en Ukraine, des dizaines de volontaires venus de Suisse ont fait part de leur volonté de rejoindre les forces ukrainiennes. Ces résidents suisses combattent avec la légion internationale ou le groupe Azov. Mise au Point a pu rencontrer certains d'entre eux.

Marc* a décidé de se rendre en Ukraine en compagnie de deux volontaires français. Il a fait son choix le jour où le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé le recrutement d’une légion internationale. Cette troupe est composée de militaires volontaires venus se battre contre les troupes russes. "J’ai entendu cet appel, et je me suis dit: 'je peux faire quelques choses, j’ai les compétences militaires, je peux aider'", explique Marc dans Mise au Point.

Marc n’a rien d’un extrémiste ou d’un Rambo. C’est un citoyen suisse de classe moyenne et plutôt à gauche de l’échiquier politique. Il part pour défendre ses principes et ses idéaux, alors qu’il n’a aucun lien direct avec l’Ukraine. "Je ne me bats pas pour l’Ukraine, mais pour l’Europe. Nous sommes face à un conflit qui va bien au-delà de ce pays. Nous devons nous battre pour nos principes, nos valeurs."

Américains, Anglais et Kosovars

Selon les informations de la RTS, 35 personnes se sont annoncées dès la première semaine du conflit à l’ambassade d’Ukraine en Suisse. Tous ne sont toutefois pas Suisses. Beaucoup sont des anciens militaires américains, anglais et plusieurs citoyens originaires du Kosovo.

Marc est passé par l'ambassade d’un pays voisin afin d’obtenir les documents nécessaires pour incorporer la légion internationale. Après deux jours de voiture depuis la Suisse, il a passé la frontière ukrainienne début avril pour rejoindre la légion internationale.

Nous voulons recruter uniquement des gens avec des compétences militaires. Nous sommes devenus bien plus sélectifs

Un responsable ukrainien de la légion internationale

Sur place, un des responsables militaires ukrainiens, sous couvert de l’anonymat, explique : "Il y a plusieurs milliers de volontaires internationaux au front. Nous voulons recruter uniquement des gens avec des compétences militaires. Nous sommes devenus bien plus sélectifs, on vérifie maintenant les antécédents militaires."

Au début de la guerre, de nombreux volontaires sans expérience militaire, souvent instables et inaptes à combattre sont venus. Ils ont dû être renvoyés et parfois escortés jusqu'à la frontière.

>> Ecouter le sujet du 12h30 sur des combattants étrangers engagés du côté ukrainiens :

Des volontaires étrangers, ici des Biélorusses, s'entraînent dans une base militaire à Kiev avant d'être envoyés sur le front (image d'illustration). [Keystone - Efrem Lukatsky]Keystone - Efrem Lukatsky
Rencontre avec des combattants volontaires étrangers engagés du côté ukrainien / Le 12h30 / 1 min. / le 22 avril 2022

Jusqu'à trois ans de prison

En Suisse, certains volontaires sont déjà rentrés. Sébastien* n’a fait que quelques jours en Ukraine. Ce résident suisse d’origine française a pris juste un sac à dos en direction de Kiev. Aucun élément toutefois ne permet de confirmer que Sébastien a véritablement participé aux combats, ni porté des armes durant son séjour en Ukraine. Sur place, il était en contact avec le controversé régiment Azov (lire encadré).

Peu importe le type de troupe ou le camp choisi, les Suisses qui partent en Ukraine risquent la prison. L'engagement dans une armée étrangère est interdit par la loi. Elle est théoriquement punissable de trois ans de prison. Toutefois, chaque année, des Suisses s’engagent dans l’armée française (légion étrangère française), souvent sans avoir de problème avec la justice.

Lors du conflit en Irak et en Syrie, les combattants suisses dans les deux camps n’ont eu à leur retour généralement que des peines légères, sans aucun jour de prison. Même avec des peines plus fortes, Marc serait parti: "peu importe le risque pénal ou les critiques sur les réseaux sociaux, je devais m’engager. Je ne peux pas rester chez moi sur mon canapé et rien faire pour aider l’Ukraine."

François Ruchti et Ainhoa Ibarrola/asch

*noms connus de la rédaction

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Le régiment Azov et l’extrême droite

Les chefs du régiment Azov sont proches des mouvements d’extrême droite européens. Depuis la guerre du Donbass en 2014, cette unité a accueilli plusieurs Suisses. Une vidéo récente montre un des responsables du groupe Azov portant fièrement une croix nazie sur le torse et un drapeau suisse en arrière-plan.

Ce groupe minoritaire au sein de l’armée ukrainienne pose plusieurs problèmes. Le régiment Azov est à son insu utilisé par la propagande russe comme la preuve que l’Ukraine serait soi-disant entre les mains des nazis.  Le régiment Azov, qui tient à son indépendance d’action, a reçu des armes sophistiquées et puissantes comme le Javelin, un lance-missiles antichar.

L’après-guerre risque d’être complexe. En plus du régiment Azov, il existe en Ukraine plusieurs unités problématiques comme la légion géorgienne ou les milices d'extrême droite Carpathian Sich. Ces unités accueillent également des volontaires suisses.

>> Lire aussi : A la rencontre du régiment Azov, accusé par la Russie d’être infesté de "néonazis"?