L’étude a défini ce chiffre selon un modèle d’extrapolation. Les chercheurs ont calculé à un moment précis le nombre de personnes sans-abri dans les hébergements d’urgence et dans la rue pour les huit villes étudiées, ce qui leur a permis d’arriver à un résultat plus large.
Cette nouvelle estimation reste encore sous-estimée, selon le directeur du Centre social protestant Alain Bolle. Il souligne toutefois l'intérêt de cette étude qui permet d'avoir des données tangibles pour améliorer la prise en charge des sans-abri.
Plus nombreux à Genève
Genève est la ville qui compte le plus de personnes sans domicile fixe (SDF). Elles seraient 7 fois plus nombreuses qu’à Zurich. L’année dernière, le canton a mandaté l'Université de Genève pour estimer le nombre de sans-abri sur son territoire. Cette étude en a comptabilisé plus de 700.
>> Lire aussi : Une étude estime à 730 personnes le nombre de sans-abri à Genève
Autre différence notoire entre la Suisse alémanique et la Suisse romande: le nombre de sans-papiers parmi les SDF. Au total, en Suisse, 60% des sans-abri n'ont pas de statut de séjour officiel. Un chiffre gonflé par les résultats de Lausanne et Genève. Ces deux villes comptabilisent près de 80% de personnes sans-papiers parmi les SDF.
Pour Eliane Belser, responsable du dispositif d'aide sociale d'urgence de la ville de Lausanne, cette différence s'explique par les réseaux des personnes qui arrivent en Suisse. "Par exemple, les personnes originaires du Maghreb cibleront davantage des villes francophones. Il y a quelque chose en lien avec le regroupement de diasporas, communautaire autour de zones d'intérêt", explique-t-elle dans le 12h30.
Pas de projection
L’instabilité est un élément marquant dans la vie des sans-abri en Suisse. Près de 30% des personnes interrogées ne savent pas où elles dormiront dans une semaine. La précarité fait aussi partie de leur quotidien. Pour trois quarts des SDF, la pandémie de coronavirus a même détérioré leur situation.
Pauvreté et migration
Plus de 40% des personnes qui se retrouvent sans domicile relèvent des problèmes financiers, notamment liés à la perte d’un emploi, y compris la faillite. Pour d’autres, les raisons sont liées à la migration. Des personnes, principalement étrangères, qui arrivent en Suisse sans ressources. Les problèmes de santé, les soins médicaux et la toxicomanie ne constituent pas un facteur déterminant du sans-abrisme en Suisse.
L'étude se termine sur plusieurs recommandations. Parmi elles, la mise en place d’offres de logements à bas seuil d'accès pour les sans-abri.
Gabriela Cabré
Homme célibataire chômeur
Plus de 80% des sans-abri sont des hommes, âgés en moyenne de 40 ans et vivant dans les grandes villes. La grande majorité sont célibataires et ne bénéficient pas d’un emploi régulier. Ils gagnent leur argent en mendiant ou occupent des jobs de courte durée sans emploi.
Méthodologie de l’étude
Les chercheurs et chercheuses ont interrogé 1182 personnes dans 62 institutions qui accueillent des personnes sans logement. Il s’agit notamment de foyers de rencontre ou des hébergements d'urgence. L’enquête a débuté en décembre 2020 et s’est terminée en mars 2021.