Alors que la guerre fait rage en Ukraine, plus de 39'000 réfugiés ukrainiens ont déjà été enregistrés sur le sol suisse. Ceux-ci se heurtent désormais au fédéralisme et à la jungle des prestations qui leur sont accordées.
Si la solidarité et la générosité sont au coeur de la démarche des familles d’accueil en Suisse, les questions financières se posent assez rapidement. Iuliaa et ses deux enfants, arrivés avec la grand-mère il y a un mois dans le canton de Vaud, devraient toucher 940 francs par mois. Ces indemnités auraient été de 1037 francs à Genève et de 1185 francs si la famille avait été hébergée dans le canton de Fribourg.
Entre les cantons, il existe donc des disparités de plusieurs centaines de francs. Et les forfaits ne sont pas toujours adaptés au coût de la vie: un réfugié adulte reçoit à peu près le même montant mensuel à Neuchâtel ou Sion qu'à Zurich, une des villes les plus chères du monde.
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Des disparités existent aussi du côté des familles hôtes: pour l’accueil d’un adulte et d'un enfant, elles reçoivent 150 francs dans le Jura et en Valais, 225 francs à Fribourg, 250 francs à Genève et jusqu'à 340 francs à Neuchâtel. Dans le canton de Vaud, les familles d’accueil ne sont pas indemnisées, mais elles peuvent demander un loyer, en fonction de barèmes fixés par l’Etat. Dans ce cas, les montants sont nettement plus élevés.
Des aides adaptées aux diverses réalités
Ces écarts s’expliquent par le fait que chaque canton possède sa propre loi sur l’aide sociale. "La politique d'aide sociale est une politique cantonale et communale, et il est important qu'elle puisse s'adapter aux réalités des terrains. Si on analyse plus finement les chiffres, probablement que les disparités ne sont pas aussi grandes", a déclaré la conseillère d'Etat neuchâteloise en charge de la cohésion sociale Florence Nater, interrogée vendredi dans le 19h30.
Les experts assurent par ailleurs qu'il n'y a pas de risque de tourisme des prestations. "Chaque personne est attribuée à un canton, qui est ensuite responsable de subvenir à ses besoins de première nécessité. La personne ne peut donc pas choisir d’aller dans un canton où les prestations sont plus élevées", affirme Gaby Szöllösy, secrétaire générale de la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales (CDAS).
Les aides allouées aux réfugiés ukrainiens représentent un investissement à plus long terme, a encore rappelé Florence Nater, lorsque cette population sera en mesure de contribuer à l'économie locale, notamment par son entrée dans le marché du travail.
RTS/vg/iar