Les cas d'Alzheimer pourraient doubler d'ici 2050 et poser un défi de prise en charge
En Valais, par exemple, il n’y a qu'un centre de soins de jour spécialisé dans la prise en charge des personnes atteintes d’Alzheimer, le foyer des Acacias à Martigny. Il accueille douze malades, pris en charge par des soignants spécialement formés.
Bertrand fréquente ce centre spécialisé quatre fois par semaine, après avoir été diagnostiqué malade d'Alzheimer il y a 9 ans, à l’aube de sa retraite. Sa vie de couple a alors basculé. Autrefois doux et sociable, il traverse déni et confusion et demande une attention constante. Comme la plupart des proches aidants, son épouse vit un épuisement moral et physique. Le foyer de jour est donc d'une aide précieuse.
"On essaie d'aller explorer leur potentiel, leurs capacités, et de les stimuler pour maintenir leur autonomie afin qu'ils puissent rester le plus longtemps possible à domicile", a expliqué samedi dans le 19h30 de la RTS Catherine Poidevin-Girard, la directrice de ce foyer de jour.
Décalage entre offre et besoins
Pour Monique Paccolat, ancienne députée valaisanne et proche aidante pour son frère atteint d'Alzheimer, les acteurs politiques doivent prendre conscience que, sans une vraie planification à long terme, la société ne pourra pas faire face à cette maladie.
"Il y a déjà un décalage entre l'offre actuelle et les besoins", a-t-elle témoigné devant la caméra de la RTS. Elle déplore un manque de prise en charge en particulier en Suisse romande en comparaison avec les cantons alémaniques et la France voisine. "Les moyens financiers aussi, pour certaines personnes qui sont dans le besoin, ne sont pas appropriés. Il y a vraiment une stratégie qui devrait être pensée pour les 20 ans à venir".
"Optimiser le mode de vie"
Les cas d'Alzheimer "sont des situations qui sont souvent complexes", a réagi samedi sur le plateau du 19h30 Olivier Rouaud, neurologue et adjoint à la direction du Centre Leenaards de la mémoire du CHUV. Pour le spécialiste, il faut adopter les meilleures techniques de communication pour être dans un équilibre entre la bienveillance, l'écoute, l'attention, mais aussi une certaine stimulation. "On conseille aussi de se faire aider, avec les associations de familles, mais aussi les consultations pour les proches aidants".
Olivier Rouaud insiste sur l'importance d'un diagnostic précoce. "Il n'y a pas de fatalité, on peut agir, en proposant des activités de stimulation cognitive sur les fonctions qui seraient déficitaires (...). Il s'agit aussi de préserver tout ce qui fonctionne très bien et d'optimiser le mode de vie".
Les dernières études sur le sujet montrent qu'un patient qui va développer Alzheimer porte déjà la maladie jusqu'à 15 ans avant les premiers symptômes. La bonne nouvelle, explique Olivier Rouaud, est que des marqueurs sanguins pourraient permettre de la dépister plus tôt qu'aujourd'hui afin de la prendre en charge bien plus précocément.
Sujet TV: Claudine Gaillard-Thorens
Adaptation web: Vincent Cherpillod
Une pièce de théâtre pour sensibiliser
Pour sensibiliser le public et le monde politique aux difficultés qu’affrontent proches et personnes atteintes d’Alzheimer, une pièce de théâtre est donnée ce week-end à Martigny. Pour l’occasion, la directrice du Foyer des Acacias monte sur les planches.
Les scènes du quotidien jouées sur scène font écho, pour les proches aidants, aux situations rencontrées dans la vie de tous les jours. Dans la salle, ces derniers oscillent entre sourire et larmes.