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Pierre Monnard: "La Lex Netflix éviterait une fuite des capitaux suisses vers l'étranger"

L'invité de La Matinale - Pierre Monnard, réalisateur et partisan de la modification de la loi sur le cinéma
L'invité de La Matinale - Pierre Monnard, réalisateur et partisan de la modification de la loi sur le cinéma / La Matinale / 10 min. / le 27 avril 2022
Le 15 mai prochain, la population suisse votera sur la modification de la loi sur le cinéma ("Lex Netflix"). Pour le réalisateur fribourgeois Pierre Monnard, invité de La Matinale, il s'agit d'une "juste mise à niveau" entre les acteurs suisses et étrangers.

Les plateformes de streaming, ainsi que les chaînes de télévision étrangères qui diffusent en Suisse, devront verser chaque année au moins 4% de leurs recettes brutes au secteur audiovisuel helvétique en cas de oui à la "Lex Netflix". Elles seront également obligées de programmer 30% de films européens, comme l'exigent la majeure partie des pays européens. De telles lois existent déjà en Italie (20% des recettes), en France (26%) et en Espagne (5%).

"Les chaînes de télévision suisses sont déjà soumises à cette obligation de réinvestir. Il s'agit simplement d'une mise à niveau du marché audiovisuel pour qu'il soit équitable et que tous les acteurs soient traités à la même enseigne", rappelle Pierre Monnard, réalisateur du film "Les enfants du Platzspitz", dans La Matinale.

Pour le Châtelois, la modification de la loi sur le cinéma n'empiète pas sur la liberté du commerce des entreprises actives dans le streaming dans la mesure où ces dernières conservent la valeur de leur investissement dans leur catalogue.

"Ces acteurs étrangers s'enrichissent grâce à l'argent des Suisses. Pour l'instant, l'économie suisse ne profite d'aucune retombée. A ce stade, on pourrait presque dire que c'est une sorte de fuite des capitaux vers l'étranger et il s'agit quand même d'un processus économique très néfaste que personne ne saurait défendre", argue Pierre Monnard.

Une manne créatrice d'emplois

L'Office fédéral de la culture évalue à 18 millions de francs par année le produit de la taxe qui serait imposée aux plateformes de streaming et aux chaînes de télévision étrangères en cas de vote favorable de la population le 15 mai 2022. Une manne financière qui bénéficierait à tout le pays et au public suisse qui, indirectement, n'aurait pas besoin de mettre la main à la poche.

"Cette modification va renforcer le secteur audiovisuel et va nous permettre de produire plus, mais aussi de réaliser des productions plus ambitieuses. Cela va créer des emplois pour les scénaristes, les réalisateurs, les techniciens, les comédiens et les comédiennes. Cela va aussi multiplier les tournages en Suisse et bénéficier aux entreprises locales, qui sont les premiers partenaires lors de nos tournages. Je parle de la restauration, de l'hôtellerie, des sociétés de services. Cette loi est tout bénéfice pour l'économie suisse et les téléspectateurs", détaille Pierre Monnard sur la RTS.

L'augmentation - encore - de l'abonnement aux services de streaming est l'une des craintes des opposants au référendum. Pour le réalisateur de la série "Wilder", cet argument est "faux". "La plupart de nos pays voisins ont déjà mis en place des systèmes similaires. Les abonnements n'ont pas augmenté. Et puis, vous savez, Netflix par exemple, n'a pas attendu de devoir réinvestir dans les productions locales pour accroître le prix de son abonnement à deux reprises. En Suisse, on paie quand même les abonnements parmi les plus chers au monde."

Propos recueillis par David Berger

Adaptation web: Jérémie Favre

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