"Les Etats-Unis sont prêts à remuer ciel et terre pour que l'Ukraine gagne contre la Russie", a déclaré mardi le ministre américain de la Défense Lloyd Austin. Au lendemain de cette déclaration, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a évoqué la menace d’une guerre nucléaire. Des propos qui ont résonné à grand fracas au sein de la communauté internationale, faisant craindre une escalade du conflit à large échelle.
Mais pour Philippe Migault, directeur du CES, le centre européen d'analyses stratégiques, ces propos traduisent d'abord une volonté russe de limiter l'escalade du conflit en Ukraine. Et non pas, comme cela a beaucoup été évoqué, une menace implicite.
Arme nucléaire de faible puissance
Du côté américain, les déclarations se font de plus en plus belliqueuses vis-à-vis de la Russie. "Les Etats-Unis tombent le masque et ne cachent plus qu’ils sont désormais de plus en plus parties au conflit", a-t-il souligné mercredi dans La Matinale.
Craindre un conflit nucléaire à large échelle reviendrait à entrer dans une logique de scénario catastrophique, poursuit le spécialiste. Si cette hypothèse est très peu probable, il n'y a pas de quoi être rassurés pour autant, poursuit Philippe Migault. "On ne peut pas exclure un conflit nucléaire limité géographiquement au territoire ukrainien".
Et d'ajouter: "On pourrait par exemple imaginer que la Russie donne un ultime avertissement à l’Otan en frappant ses infrastructures stratégiques avec des armes nucléaires de faible puissance. Cela dans le but d'empêcher la livraison d'armes à l'Ukraine". Des agissements qui marqueraient un tournant, car jamais observé depuis la Seconde Guerre mondiale.
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L'Ukraine, alliée officieuse de l'Otan
Le spécialiste compare par ailleurs la situation en Ukraine avec la crise des missiles de Cuba en 1962. "Si les Soviétiques n’avaient pas retiré leurs armes nucléaires de Cuba, les Etats-Unis auraient vraisemblablement frappé l'île". Aux yeux de la Russie, l’Ukraine représente un intérêt vital comme ce fut le cas avec l'Etat insulaire.
Les Russes nous considèrent déjà comme des ennemis
Par ailleurs, même si l’Ukraine n’est pas officiellement reconnue comme un allié de l’Otan, les puissances occidentales se comportent comme si c'était le cas. Un comportement qui alimente la défiance de la Russie vis-à-vis de l'Occident. "Les Russes nous considèrent déjà comme des ennemis".
Propos recueillis par Benjamin Luis
Texte web: Hélène Krähenbühl