Mauro Poggia: "Il faut faire le bilan de la pandémie sans tomber dans l'auto-flagellation"
La Confédération et les cantons ont relativement bien géré la première phase de la pandémie de Covid-19, selon un rapport d'experts publié mardi. Mais certaines mesures comme la fermeture des écoles et les restrictions sanitaires imposées aux résidents d'EMS ont été pointées du doigt.
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Pour Mauro Poggia, conseiller d'Etat genevois en charge de la Santé, interrogé dans le 19h30, "il faut faire le bilan et tirer les leçons de ce qui a été fait, mais il ne faut pas sombrer dans l'auto-flagellation. C'est un peu ce que nous voyons aujourd'hui avec tous ces auditeurs qui regardent le passé dans un rétroviseur. Il faut se mettre à la place de ceux qui étaient au volant à l'époque".
"Personne n'était préparé"
Concernant la fermeture des écoles au printemps 2020, le conseiller d'Etat a relevé que "c'était au tout début de la pandémie, nous savions peu de choses, nous voyions ce qui se passait dans le nord de l'Italie. Aujourd'hui, certaines choses auraient peut-être été faites différemment, mais nous le disons avec les connaissances que nous avons aujourd'hui".
Pour les restrictions dans les EMS, "cela a été sans cesse une question morale de savoir jusqu'où aller entre le risque que nous pouvions prendre pour la vie et l'atteinte à la qualité de vie pour ces personnes et pour leurs familles. Une architecture différente aurait sans doute permis de maintenir des contacts tout en gardant des protections mais nous n'étions pas préparés, parce que personne n'était préparé", a encore reconnu Mauro Poggia.
"Nous avons dû naviguer au plus près de la situation épidémiologique avec les connaissances qui variaient et en essayant d'anticiper aussi."
"Il faut un chef d'orchestre"
Si une nouvelle vague touche le Suisse, le Conseil fédéral n'a pas actuellement les moyens légalement pour agir rapidement. "Si nous ne sommes pas en situation particulière, c'est aux cantons de gérer. Mais dans les situations comme celle-là, il n'y a rien de pire que partir en ordre dispersé parce que cela enlève de la crédibilité aux mesures prises. Les gens ne comprennent pas pourquoi c'est fermé à certains endroits et pas ailleurs", a expliqué le Genevois.
Si l'épidémie reprend dans certaines régions et pas dans d'autres, faut-il pénaliser l'ensemble de la population en prenant les mesures les plus strictes ou faut-il prendre des décisions régionales? "Dans ces cas-là, il faut quand même un chef d'orchestre et faute d'avoir d'instances supracantonales qui ne sont pas fédérales, il faudrait que les cantons délèguent ce pouvoir à un moment donné à la Confédération pour qu'il y ait au moins une uniformité des mesures", a conclu Mauro Poggia.
Propos recueillis par Philippe Revaz/lan