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Le difficile travail des journalistes autour de la votation sur Frontex

La campagne sur Frontex est confrontée à un verrouillage médiatique (vidéo)
La campagne sur Frontex est confrontée à un verrouillage médiatique (vidéo) / Forum / 2 min. / le 28 avril 2022
La nervosité se fait sentir du côté de la communication du Département fédéral des finances à quinze jours de la votation sur Frontex. Alors que les sondages sont plutôt positifs, cette campagne est marquée par un verrouillage médiatique.

Le peuple suisse doit se prononcer le 15 mai sur la contribution de la Suisse au corps européen des gardes-frontières et gardes-côtes.

Dans ce cadre, une dizaine de rédactions constatent une situation anormalement tendue en cette période de campagne au Département fédéral des finances (DFF): pas d'accès au terrain, peu de possibilité d'interviews et un service de communication parfois dans ses petits souliers, qui répète en même temps un peu comme un mantra sa volonté de transparence.

Et si la situation interroge, c'est que l'enjeu est la formation de l'opinion en période de votation.

Aucun reportage autorisé avec Frontex

Plusieurs journalistes, dont ceux de la RTS, ont fait des demandes de reportage pour pouvoir accompagner des patrouilles suisses engagées avec Frontex sur le terrain aux frontières de l'Europe, par exemple en Italie du Sud. Mais aucune d'entre elles n'a été acceptée.

L'Office de la douane et de la sécurité des frontières (OFDF) souligne que "différentes options ont été étudiées avec les autorités concernées" et "regrette que les diverses tentatives n'aient finalement pas pu se réaliser". Dans plusieurs cas, il semblerait que ce soit Frontex qui n'ait pas autorisé ces démarches.

Pourtant, c'est précisément sur cet engagement de la Suisse que porte la votation, puisque le nombre de collaborateurs suisses à Frontex devrait passer d'une moyenne de six postes à temps plein actuellement à environ 40 postes dans cinq ans.

Le Temps parle de "censure"

Un garde-frontières suisse ayant collaboré avec Frontex a tout de même donné deux interviews différentes à visage découvert. Mais au moins quatre autres demandes d'interviewer un collaborateur suisse parti en mission avec l'agence européenne ont été refusées, annulées ou soumises à des conditions d'interview si restrictives que les journalistes ont préféré y renoncer.

Le journal Le Temps s'est même inquiété de ce qu'il considère être de la "censure" alors qu'un portrait d'un garde-frontière suisse déjà rédigé a été interdit de publication.

Plusieurs autres demandes d'interviews avec les membres suisses du conseil d'administration de Frontex ou encore les deux expertes suisses aux droits fondamentaux n'ont pas été accordées non plus.

Sécurité des collaborateurs mise en avant

De manière générale, l'administration peut accorder ou refuser des interviews à sa guise. Et l'OFDF rappelle que des interviews ont quand même été autorisées, mais évoque surtout la sécurité des collaborateurs dans une campagne tendue, notamment après la manifestation d'une vingtaine de personnes la semaine dernière devant les locaux de l'Office des douanes.

Mais on peut aussi imaginer que le contexte autour de l'agence européenne pousse l'administration à se montrer très prudente. Frontex est une nouvelle fois dans la tourmente, notamment épinglée par des nouvelles révélations dans la nuit de mercredi à jeudi autour de ce qu'on appelle des "pushback", ces renvois illégaux de personnes en situation de migration vers la Turquie depuis la Grèce. Le directeur de l'agence est lui aussi sur la sellette.

Camille Degott/oang

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Refoulements illégaux reprochés à Frontex

Un consortium de médias a mené une enquête contre l'organisation Frontex. Selon cette enquête du "Lighthouse Reports", en association avec SRF et Republik, en Suisse, et le quotidien français Le Monde, l’Agence européenne des gardes-frontières a enregistré dans sa base de données des dizaines de refoulements illégaux, comme s’il s’agissait de simples opérations pour empêcher le départ de migrants depuis la Turquie.

>> Ecouter les précisions d'Alain Franco à Bruxelles :

Un véhicule de Frontex en Lituanie. [Keystone]Keystone
Des dizaines de refoulements illégaux reprochés à Frontex / Tout un monde / 4 min. / le 29 avril 2022