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Virginie Cavalli sur la Lex Netflix: "Pas besoin d'avoir des taxes pour avoir du succès"

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Virginie Cavalli, coprésidente des Jeunes vert’libéraux suisses
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Virginie Cavalli, coprésidente des Jeunes vert’libéraux suisses / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 11 min. / le 29 avril 2022
Coprésidente des Jeunes Vert'libéraux, Virginie Cavalli défend le "non" à la modification de la loi sur le cinéma (Lex Netflix). Invitée vendredi dans La Matinale, elle craint que la taxe imposée aux géants du streaming ne se répercute sur les prix des abonnements.

En Suisse, les services de streaming tels que Netflix et Disney+ génèrent un chiffre d'affaires de plus de 300 millions de francs par année, estime l'Office fédéral de la culture. A l'inverse des chaînes de télévision suisses, ces entreprises - ainsi que les chaînes de télévision étrangères qui diffusent en Suisse - ne participent pas au financement du cinéma helvétique. La modification de la loi sur le cinéma voulue par le Parlement vise précisément à gommer ce que certains qualifient d'inégalités de traitement.

Concrètement, la "Lex Netflix" pose deux principes: le soutien du cinéma suisse par les plateformes proposant du contenu vidéo à la demande à hauteur de 4% de leur chiffre d'affaires. Cette manne est estimée par la Confédération à environ 18 millions de francs par année. La loi demande également aux plateformes de streaming de proposer 30% de productions européennes dans leur catalogue.

"Je ne pense pas que c'est tout à fait équitable parce qu'il faut comparer ce qui est comparable. Les chaînes de télévision suisses ont cette obligation parce qu'elles ont aussi des droits, celui notamment de toucher une partie de la redevance. La deuxième différence, c'est que le consommateur est libre de s'abonner ou non à ces plateformes", estime Virginie Cavalli dans La Matinale.

"Nous avons les moyens de faire des films à succès"

Comme de nombreux référendaires, la coprésidente des Jeunes Vert'libéraux craint surtout une augmentation du prix des abonnements qui, selon elle, toucherait particulièrement les jeunes.

"Je pense qu'il ne faut pas être naïf. Ces entreprises poursuivent une logique commerciale (...), n'importe quel prétexte est actuellement utilisé pour augmenter les prix. Je ne vois pas pourquoi une taxe ne serait pas répercutée sur le prix des abonnements?", s'interroge la Lausannoise sur l'antenne de la RTS.

Elle perçoit aussi une contrainte dans l'imposition de ces entreprises: "Ils vont aller vers des collaborations qu'ils ont déjà eues, plutôt en langue allemande, du côté de Zurich. Donc pour la diversité du cinéma, en particulier romand, j'estime qu'on se tire une balle dans le pied."

Et Virginie Cavalli d'ajouter: "Ce n'est pas en forçant un acteur comme Netflix à faire des contenus qui ne seraient pas forcément regardés, que l'on va faire progresser le cinéma suisse (...). Je pense qu'avec les sommes que nous avons actuellement dans un pays de notre taille, nous avons les moyens de faire des films à succès (...) Je pense qu'il faut arrêter d'avoir des complexes, nous n'avons pas besoin de lois et de taxes pour avoir du succès."

Taxer de manière plus large

Interrogé mercredi dans La Matinale, le réalisateur fribourgeois Pierre Monnard déclarait que les plateformes de streaming s'enrichissaient grâce à l'argent des Suisses et n'y payaient pas d'impôts, au point de qualifier cela de "fuite des capitaux vers l'étranger" pour critiquer le fait qu'il n'y avait pas de contribution en retour.

>> Relire l'interview du réalisateur Pierre Monnard : Pierre Monnard: "La Lex Netflix éviterait une fuite des capitaux suisses vers l'étranger"

Invitée à réagir, Virginie Cavalli dit ne pas être opposée à ce que l'on taxe tous les services en ligne, mais de façon plus "raisonnable et raisonnée". "Il y a des réflexions qui sont en cours au niveau de l'OCDE pour taxer les GAFAM. Peut-être que l'on pourrait intégrer des plateformes comme Netflix dans cette réflexion plus large. Je pense que c'est illusoire de vouloir taxer un seul domaine spécifique pour qu'il contribue à un cercle quand même assez restreint de personnes", précise-t-elle.

Propos recueillis par David Berger

Adaptation web: Jérémie Favre

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