Chaque année, 10'000 interdictions de casinos sont prononcées à l'encontre de joueurs en Suisse contre 3000 avant l'avènement des casinos en ligne. Parmi ces exclus, ce Neuchâtelois de 27 ans, endetté à hauteur de 50'000 francs, malgré 250'000 francs amassés en dix ans.
"Mon plus gros problème a été de gagner jeune en fait. Si je dois payer 400 francs, je préfère les utiliser pour essayer de gagner 4000 francs", explique-t-il dans le 19h30 de vendredi.
En thérapie, il n'a toutefois pas encore renoncé aux jeux d'argent et rêve de se refaire. "Je me dis toujours que je vais gagner pour pouvoir rattraper toutes mes factures, toutes mes dettes aux poursuites. Avec la chance que j'ai eue, c'est possible, je peux le faire, alors qu'en fait….", raconte-t-il encore.
Le jeu excessif touche 220'000 personnes en Suisse. Les jeunes sont particulièrement vulnérables.
Jeunes vulnérables
Les autorités lausannoises redoutent les conséquences de l'ouverture prévue d'un nouveau casino au centre-ville d'ici 2024: "Les porteurs du projet ont été assez clairs: un casino à Lausanne, c'est probablement 75% de chiffre d'affaires sur les machines à sous. Cela veut dire que c'est clairement les jeunes qui sont visés", a relevé Grégoire Junod, syndic de Lausanne.
Malgré ces risques d'addiction, Confédération et cantons ne sont pas prêts à se passer des loteries et des casinos, dont le nombre va même passer de 21 à 23. Ces jeux rapportent environ 1 milliard de francs par année, notamment pour l'AVS ou des projets d'utilité publique.
C'est un problème, selon Jérôme Cosandey, directeur romand d'Avenir Suisse: "Si vous profitez comme politicien de ce que vous distribuez, et qu'en même temps vous avez le rôle comme régulateur de lutter contre la dépendance et de peut-être limiter l'offre, vous voyez le conflit d'intérêt que ça crée…", souligne-t-il.
Un argent qui profite à tous
Mais pour le canton de Neuchâtel, qui touche en temps normal (hors pandémie) chaque année 4 millions de francs grâce au casino, cet argent profite à l'ensemble de population. Même si l'essor des jeux en ligne change la donne.
"Nous allons devoir probablement revoir nos règles. S'engager de façon beaucoup plus active et modifier notre façon de faire de la prévention. Donc aussi revoir les moyens qui sont alloués", a ainsi déclaré Florence Nater, conseillère d'Etat neuchâteloise.
Au niveau fédéral, plusieurs interventions parlementaires demandent déjà, avec les milieux de la prévention, une limitation bien plus stricte de la publicité pour les jeux d'argent.
Gabriel De Weck/lan