Le dernier rapport d'activité de la police fédérale sur la criminalité en Suisse, publié lundi, montre que les menaces contre des élus et des magistrats ont fortement progressé durant la pandémie de Covid-19.
Instagram, Twitter, Facebook, Telegram: les discours de haine sont partout sur les réseaux sociaux et les messageries.
"Une digue s'est rompue" avec le Covid
"Avec l'arrivée du Covid, une digue s'est rompue. Certaines personnes ne parviennent plus à contenir leur colère face aux mesures sanitaires imposées. Elles se défoulent sur leur clavier", écrit Fedpol dans son rapport annuel.
En 2021, 1215 menaces lui ont été communiquées, soit 330 de plus que l'année précédente. Depuis trois ans, le nombre de menaces proférées à l'encontre des personnes à protéger, magistrats, conseillers fédéraux, membres du Parlement, des tribunaux fédéraux et personnel de l'administration fédérale, augmente continuellement.
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La situation est telle qu'une task force spécialement dédiée à ce phénomène a été créée au sein. Baptisée, CYMON (contraction de "cyber monitoring"), elle a pour mandat de parcourir les réseaux sociaux et les sites web à la recherche de menaces de violence ou d'appels à mener des actions militantes contre des magistrats.
Un pic de 4000 messages quotidiens
De mi-septembre à fin décembre 2021, la Task Force CYMON a ainsi traité chaque jour près de 4000 messages. A la suite de l'introduction de nouvelles mesures sanitaires, les chiffres ont grimpé quotidiennement, atteignant leur plus haut taux le jour de la votation sur la loi Covid-19 le 28 novembre.
L'office peut agir notamment par une lettre de recadrage ou des entretiens préventifs. "Ces moyens doivent faire comprendre aux personnes concernées qu'elles sont sur le point de franchir la limite de la responsabilité pénale", écrit fedpol.
Des mesures prises dans 120 cas
En cas de contenus relevant du droit pénal, la Police judiciaire fédérale (PJF) mène une enquête, questionne l'auteur des menaces et adresse une plainte au Ministère public de la Confédération (MPC). Les victimes de menaces peuvent aussi déposer une plainte pénale de leur côté.
Pour les infractions poursuivies d'office, telles que la contrainte ou l'incitation à la haine ou à la violence, Fedpol ouvre d'office une enquête et dénonce les faits auprès du MPC. En 2021, elle a pris des mesures (entretiens préventifs, dénonciations pénales) dans 120 cas.
ats/oang
Davantage de criminels et d'espions interdits d'entrée
Selon les chiffres de Fedpol, les interdictions d'entrée en Suisse étaient en hausse en 2021 dans le cadre de la lutte contre le crime organisé et l'espionnage.
Au total, 187 interdictions ont été prononcées (contre 167 en 2020): 25 entrées refusées concernaient des personnes liées au crime organisé, en général la mafia (contre 4 en 2020). Et 70 personnes ont été repoussées en raison d'activités présumées d'espionnage, contre 19 l'année précédente.
En revanche, les interdictions prononcées pour cause de terrorisme ont baissé, passant de 144 en 2020 à 92 l'an dernier.
Deux expulsions ont par ailleurs été prononcées pour terrorisme en 2021. Sur un total de 28 expulsions depuis 2016, 26 concernent des cas de terrorisme.
Pédocriminalité aussi en hausse
Fedpol s'est aussi occupée davantage de pédocriminialité en 2021. Elle a reçu 7176 signalements de l'organisation privée américaine "National Center for missing and exploited children" (NCMEC).
Après avoir examiné si les contenus partagés sont également illégaux au regard du droit suisse, les enquêteurs fédéraux ont transmis 1399 rapports aux autorités de poursuite pénale des cantons. Cela représente une hausse de 4% par rapport à 2020.
Grâce à ces rapports, les autorités cantonales de poursuite pénale ouvrent une procédure afin de condamner les auteurs.