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Le soutien à la Lex Netflix perd du terrain, selon le deuxième sondage SSR

Votations du 15 mai: "Oui" probable à la loi sur la transplantation et Frontex. Le doute subsiste pour la loi Netflix
Votations du 15 mai: "Oui" probable à la loi sur la transplantation et Frontex. Le doute subsiste pour la loi Netflix / 12h45 / 2 min. / le 4 mai 2022
A moins de deux semaines des votations, le sort de la Lex Netflix est incertain. Même si le oui demeure majoritaire, le non a gagné passablement de terrain, montre le deuxième sondage SSR publié mercredi. Largement soutenu, le financement supplémentaire de Frontex semble de son côté acquis. Quant au consentement présumé en matière de don d'organes, il devrait passer la rampe malgré une légère érosion du oui.

A l'approche des votations du 15 mai, la révision de la loi sur le cinéma, aussi appelée Lex Netflix, perd du terrain, selon la deuxième enquête d'opinion de gfs.bern, mandatée par la SSR. Le non a progressé de neuf points de pourcentage par rapport au premier sondage publié début avril. Il se situe désormais à 41%, contre 56% de oui (-3 points). Dans le même temps, la part des indécis s'est, elle, réduite et ne représente plus que 3%.

Cette tendance est jugée "inhabituelle" par les auteurs de l'étude. En effet, les projets émanant du Conseil fédéral, comme la Lex Netflix, bénéficient généralement d'un soutien croissant au fil des sondages. Ces chiffres ne permettent pas pour autant de prévoir un refus le 15 mai prochain, précisent encore les auteurs.

Le renforcement de Frontex, lui aussi soutenu par le gouvernement, suit une tendance plus attendue. Le oui se renforce et atteint 69% (+6), contre 25%. Quant à la loi sur la transplantation, elle se maintient au-dessus des 60%, malgré une légère progression des opposants à 37%.

Large soutien romand à la Lex Netflix

La loi sur le cinéma divise toujours autant les régions linguistiques. On constate un net röstigraben entre la Suisse romande, qui soutient largement le projet (71%), et le côté alémanique, où seule une petite majorité de 51% entend voter oui. Une différence qui était déjà apparente lors du premier sondage mais qui s'est renforcée depuis.

A l'instar des francophones, la Suisse italienne se montre largement convaincue par la nouvelle loi, qui impose aux plateformes de streaming d'investir 4% de leur chiffre d'affaires dans la production cinématographique suisse.

Sans surprise, les divisions partisanes sont également très marquées. Le plus grand plébiscite émane du camp rose-vert, à plus de 80%, suivi des sympathisants des Vert'libéraux et du Centre, à plus de 60%. A droite, les électeurs du PLR et de l'UDC affichent, au contraire, un large refus.

Relevons également qu'il n'y a pas de différences notables parmi les tranches d'âge. Toutes accordent leur confiance au projet, particulièrement les retraités.

>> Écouter aussi le commentaire du journaliste politique Pierre Nebel dans le 19h30 :

La loi sur le cinéma, ou loi "Netflix" en difficulté selon les sondages: les explications de Pierre Nebel
La loi sur le cinéma, ou loi "Netflix" en difficulté selon les sondages: les explications de Pierre Nebel / 19h30 / 1 min. / le 4 mai 2022

Différences de générations et de genres sur Frontex

De manière générale, l'augmentation de la contribution suisse à l'agence européenne de contrôle des frontières séduit de plus en plus. Plusieurs divisions significatives apparaissent toutefois au sein de certains groupes. C'est le cas parmi les différents âges: les 18-39 ans, par exemple, se montrent moins convaincus que leurs aînés. Ils sont aussi plus indécis, puisque plus d'une personne sur dix dans cette catégorie n'a pas d'opinion claire.

De même, les hommes affichent des positions plus claires que les femmes. Près de trois quarts des votants masculins sont en faveur du financement de Frontex, contre 22% de non et 5% d'indécis. Plus de 60% de leurs homologues féminines veulent augmenter le financement de l'agence européenne, alors que près de 30% le refusent et 8% sont indécises.

>> Pour en savoir plus : Les enjeux de la votation sur Frontex, l'agence européenne de contrôle des frontières

Les avis divergent également selon le niveau de formation. Les personnes avec un faible niveau sont les moins acquises à la cause, alors que celles avec un degré moyen de formation sont les plus grands soutiens de Frontex.

Le oui à Frontex s'étend sur l'ensemble de l'échiquier politique. Il est particulièrement marqué chez les sympathisants des Vert'libéraux, du Centre et du PLR, où il tutoie les 90%. Les proches de l'UDC, eux, ont serré les rangs et sont désormais 65% à vouloir augmenter l'aide à l'agence européenne. La situation est plus nuancée du côté de la gauche. Contre l’avis de leur parti, les proches du PS, tout comme ceux des Verts, accordent un petit oui au projet. La part des indécis reste cependant significative dans les deux groupes.

Deux arguments principaux ressortent en faveur de Frontex: d'une part, l'augmentation des moyens pour renforcer ses activités aux frontières de l'Union européenne. Et, de l'autre, la protection de la Suisse contre la criminalité transfrontalière et l'immigration illégale issue des pays en-dehors de l'espace Schengen.

Large soutien au consentement présumé

Le troisième objet soumis au peuple devrait passer la rampe. Si l’on en croit ce deuxième sondage, les Suissesses et les Suisses semblent largement convaincus par la modification de la loi sur la transplantation d’organes, de tissus et de cellules, qui introduit dans le droit suisse le principe du consentement présumé. Même si le non progresse un peu (+3 points), plus de 60% de la population reste acquise à ce changement de paradigme.

Derrière ce oui massif se cache de fortes disparités régionales. En Suisse romande, trois quarts des sondés sont favorables à la révision de la loi, qui implique que toute personne qui ne s’y oppose pas de son vivant soit désormais considérée comme donneuse d’organes. Seuls 22% des Romands prônent le statu quo. Chez les Tessinois, l’avance des partisans du oui est de 28 points (62% de oui, 34% de non). Et l’écart fond encore de moitié chez les Alémaniques (56% de oui, 42% de non).

L'UDC seule contre tous

Tous les grands partis sauf l’UDC se sont prononcés en faveur de la nouvelle loi, et ces mots d’ordre se retrouvent dans les intentions de vote. Avec plus de 80% de oui, les proches du PS sont les plus fervents défenseurs du texte. Un soutien qui s’est même légèrement renforcé par rapport au premier sondage. Le oui est à peine moins massif chez les Verts (77%, +1 point) et les Vert’libéraux (75%, -3). Deux tiers de l’électorat du Centre et du PLR appuient la réforme.

>> Pour en savoir plus : Les enjeux de la votation sur le consentement présumé en matière de don d'organes en cinq questions

Les sympathisants de l’UDC sont les seuls à rejeter majoritairement le consentement présumé. En un mois, les électeurs du parti conservateur ont consolidé leurs positions pour atteindre 64% de non (+9 points). Ceux-ci pourraient être rejoints par les indépendants. Ces derniers continuent d’approuver le texte (52%, -3 points), mais l’écart entre le oui et le non s’est considérablement resserré (6 points contre 18 points lors de la première enquête).

Le deuxième sondage confirme par ailleurs une tendance déjà observée au début de la campagne: les jeunes sont beaucoup plus enclins à accepter le consentement présumé que les personnes plus âgées. Près de trois quarts des 18-39 ans soutiennent le projet et 25% le rejettent; chez les seniors, l’écart n’est que de quelques points (53% de oui contre 46% de non). A l’inverse de l’âge, plus le niveau de formation croît, plus la part du oui augmente.

Didier Kottelat et Mathieu Henderson

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Méthode

Deuxième vague de l'enquête de tendance SRG-SSR sur les référendums du 15 mai 2022 par l'institut de recherche gfs.bern, réalisée entre le 20 et le 27 avril 2022 auprès de 6315 titulaires du droit de vote (par téléphone et en ligne). La plage d'erreur statistique est de +/- 2,8 points de pourcentage.