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Un "Röstigraben des transplantations" mis en exergue par une technique contestée

Votation fédérale sur le don d'organes: les Alémaniques plus réticents que les Romands
Votation fédérale sur le don d'organes: les Alémaniques plus réticents que les Romands / 19h30 / 2 min. / le 4 mai 2022
Pour obtenir des organes de meilleure qualité, les hôpitaux universitaires de Genève (HUG) utilisent une méthode contestée, que les autres hôpitaux suisses refusent. Cette méthode, qui consiste à réactiver la circulation sanguine du donneur décédé, est révélatrice d'un véritable "Röstigraben des transplantations".

Après avoir confirmé la mort d’un donneur décédé d’un arrêt cardiaque, les médecins n’ont que très peu de temps pour récupérer ses organes. C'est pourquoi, dans certains pays européens et aux Etats-Unis, on perfuse le défunt au moyen d’une pompe à oxygénation. Les organes sont ainsi à nouveau irrigués et les chirurgiens peuvent prendre leur temps pour les prélever.

En Suisse, l'hôpital universitaire genevois est le seul du pays à pratiquer de la sorte. "Cette technique permet de limiter les lésions sur les organes. Les études ont montré qu’une fois transplantés, ces organes montrent de meilleurs résultats", explique le professeur Philippe Compagnon, du service des transplantations aux HUG, au 19h30.

La méthode appelée "circulation régionale normothermique" (CRN) est toutefois invasive et comporte des risques. C’est pourquoi elle est interdite en Allemagne. Et, selon les informations de la RTS, les hôpitaux alémaniques refusent de l’appliquer.

Aorte du défunt bouchée avec un ballon

Car en même temps qu'on réactive la circulation sanguine du défunt, il faut boucher son artère thoracique avec un ballon. Sinon le sang remonterait au cerveau, celui-ci pourrait être réactivé, et le critère permettant de prélever des organes - l’irréversibilité de la mort - ne serait plus rempli.

Le médecin aux soins intensifs des HUG Raphael Giraud défend toutefois la méthode, qui a été approuvée par l’Académie suisse des sciences médicales. "Le CRN a fait ses preuves", explique-t-il au 19h30. "Les proches sont informés en toute transparence et doivent donner leur consentement".

Aux États-Unis, cette méthode permettant d'augmenter le nombre d’organes transplantés ne fait pas non plus l’unanimité. L’association des médecins américains, l’American College of Physicians, demande même de renoncer à cette méthode pour le prélèvements d’organes. "Le CRN paraît violer l'un des fondements éthiques du don d’organes, la règle du donneur mort, qui spécifie que le donneur ne peut pas être rendu mort pour obtenir ses organes", estime l'institution.

Jean-Marc Heuberger

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Röstigraben du don d’organes

Le 2e sondage SSR sur la votation du 15 mai sur le consentement présumé révèle de fortes disparités entre Suisse alémanique et Suisse latine concernant la loi sur la transplantation. Seuls 56% des Alémaniques acceptent la révision de loi, contre 75% des Romands et 62% des Tessinois.

Les Alémaniques sont moins enclins à se laisser prélever les organes, explique au 19h30 l’historien zurichois Simon Hofmann, qui a écrit un livre sur le sujet. "En Suisse alémanique, la culture est plus libérale, on a tendance à se méfier de la médecine et de l’Etat. La relation au corps est différente, on considère le corps comme une propriété privée, qui a une grande valeur."

En particulier, les dons d’organes après mort cardiaque sont inférieurs outre-Sarine qu’en Suisse latine. La plupart de ces prélèvements - 48% en 2020 - viennent de Suisse latine, alors que les Latins ne constituent que 30% de la population suisse.

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