Guy Parmelin: "Il serait faux que l'Etat intervienne maintenant" sur la hausse des prix
La guerre en Ukraine a remis sur le devant de la scène des enjeux vitaux pour la Suisse et l'Europe. De nombreuses questions se posent, notamment sur la hausse des prix des denrées alimentaires, l'approvisionnement de la Confédération en gaz et en pétrole russe ou encore la neutralité de la Suisse.
A la veille des commémorations russes du 9 mai, date anniversaire célébrant la victoire de l'URSS sur l'Allemagne nazie en 1945, le conseiller fédéral en charge du Département fédéral de l'économie Guy Parmelin était invité sur le plateau du 19h30 dimanche afin de répondre aux interrogations que soulèvent les défis de cette guerre pour la Suisse.
Le quotidien de la population est directement impacté par le conflit. Sur un an, le prix de l’essence a augmenté de 25,1% et le mazout de 75,6%. Les prix des denrées alimentaires, notamment les pâtes, le pain et l'huile, sont également en hausse. En avril, l'inflation a atteint 2,5%.
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Mais pour le conseiller fédéral vaudois, "il serait faux que l'Etat intervienne dès maintenant", comme ont pu le faire la France et l'Allemagne pour aider financièrement leurs ménages. Le Conseil fédéral va suivre de près la situation, a affirmé Guy Parmelin, mais "il faut aussi laisser faire la réalité économique", a-t-il estimé, en ajoutant que les cantons et les communes pouvaient aussi agir.
Des sanctions européennes à analyser
Mercredi, l'Union européenne a annoncé un nouveau paquet de sanctions comprenant un projet d'embargo sur le pétrole russe, dans le but de réduire le plus possible la dépendance à la Russie. Le G7 s'est également engagé dimanche à arrêter progressivement les importations de pétrole russe.
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Interrogé sur la position de la Confédération vis-à-vis de ces mesures occidentales, Guy Parmelin a souligné que la Suisse avait jusqu'à présent suivi "la plupart des sanctions de l'Union européenne", mais que le Conseil fédéral devra, en cas d'adoption officielle de nouvelles mesures par Bruxelles, "examiner leurs conséquences pratiques" pour la Suisse.
Quant au gaz, si la Russie coupait l'approvisionnement européen comme elle l'a fait pour la Pologne et la Bulgarie, les répercussions sur la Suisse seraient "préoccupantes", a estimé Guy Parmelin. Le conseiller fédéral a toutefois précisé que des mesures existent pour pallier en partie une pénurie, grâce notamment à des stocks de réserve ou la possibilité d'introduire des contingents.
L'épineuse question de la neutralité
En Suisse, le conflit a remis en question le principe de neutralité, qui interdit notamment l'exportation d'armes à des pays en guerre. Certains partis comme les Vert'libéraux et Le Centre ont évoqué le fait que la Confédération vend du matériel de guerre à d'autres pays, comme l'Arabie saoudite, et qu'elle pourrait ainsi livrer des armes à l'Ukraine. Le PS et le PLR ont également appelé à un débat, voire à un vote sur la définition de la neutralité.
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Sur le plateau du 19h30, Guy Parmelin a rappelé que des discussions ont eu lieu en septembre dernier lors du contre-projet à l'initiative sur l'exportation de matériel de guerre, mais que celles-ci n'ont pas abouti à la révision de la loi fédérale sur le matériel de guerre souhaitée par le gouvernement qui aurait permis, selon le conseiller fédéral, une certaine marge de manoeuvre sur la question de la vente d'armes par la Suisse.
"Je m'étonne que des partis comme les Vert'libéraux ou Le Centre, qui ont fait échouer ces demandes de flexibilité, viennent aujourd'hui demander de rouvrir le débat", a déclaré Guy Parmelin. "Il ne faut pas oublier que nous sommes un Etat de droit. On ne peut pas simplement, parce qu'une situation aussi dramatique que celle de l'Ukraine a lieu, faire fi de notre législation et de notre Constitution", a ajouté le conseiller fédéral vaudois.
Propos recueillis par Jennifer Covo
Adaptation web: Isabel Ares/cs