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Infirmières et infirmiers dans la rue pour dénoncer la pénurie de personnel

Une infirmière à l'hôpital de Berne. [Keystone - Gaetan Bally]
La pénurie de personnel s'accroît dans le secteur suisse de la santé: interview de Sophie Ley / La Matinale / 1 min. / le 12 mai 2022
Alors que 300 soignantes et soignants quittent leur emploi chaque mois en Suisse, la profession porte dans la rue de plusieurs villes de Suisse ses revendications pour de meilleures conditions de travail, à l'occasion de la Journée internationale des infirmières du 12 mai.

"Il faut maintenant des mesures immédiates pour garder le personnel", écrit jeudi l'Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI). Et de rappeler aux cantons leur "obligation de faire leurs devoirs, que les électeurs leur ont confiés en disant oui à l'initiative sur les soins infirmiers le 28 novembre 2021".

L'attitude consistant à attendre les décisions de la Confédération est dangereuse, estime la faîtière, qui exige la mise en œuvre la plus rapide possible du texte de l'initiative. D’autant plus que ce dernier est désormais traduit dans l'article 117b de la Constitution, indique Sophie Ley, présidente de l'ASI.

La Journée internationale des soins infirmiers est pour la branche l'occasion de redire que les choses doivent bouger, et vite. Dans quatre villes de Suisse alémanique, les sections de l'ASI organisent une marche dite "Walk of Care". En Suisse romande, des actions ponctuelles sont également prévues.

Plus de 10'000 postes vacants

L'exode des soignants a accentué la pénurie de personnel dans les professions de soins. Actuellement, le Jobradar indique 13'255 postes vacants en Suisse dans le domaine des soins, soit près de 1000 de plus que fin 2021.

"Cela signifie que chaque mois, plus de 300 soignants de plus accrochent leur blouse", estime l'ASI. Certains se tournent vers des agences de recrutement, où ils peuvent choisir eux-mêmes leurs missions et gagnent souvent plus, selon elle.

Faute de personnel, certaines institutions peinent à remplir leurs tâches, poursuit l'association. Des services entiers sont fermés dans les homes et des lits et des salles d'opération ne peuvent pas être mis en service dans les hôpitaux.

Ces revendications ne sont pas nouvelles. Mais après deux ans de pandémie et les "hésitations irresponsables" des politiques cantonales dans la mise en œuvre de l'initiative, le personnel est épuisé et frustré.

Manque de volonté politique

L'ASI reproche un manque de volonté politique. La Confédération a certes mis l'accent sur l'offensive de formation. Or rendre la profession attractive ne va pas sans améliorer les conditions de son exercice, explique Sophie Ley. C'est aux cantons de réagir en proposant des compensations en temps, des réductions de temps de travail et des allocations.

"Le Valais a par exemple proposé une hausse de salaire au personnel soignant des hôpitaux", précise la présidente de l’ASI. "D'autres cantons réfléchissent aussi à des mesures. Mais tous ne se trouvent pas au même stade".

Les remerciements ne sont pas suffisants, ni la reconnaissance, que celle-ci soit symbolique ou pécuniaire, écrivent de leur côté les Syndicats Chrétiens Interprofessionnels du Valais (SCIV). Car encore faut-il que les soignants puissent "accomplir leurs missions sans mettre leur propre santé en danger".

ats/boi

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