Nelly Wenger: "Expo.02 fut la première exposition nationale à avoir été considérée comme un événement culturel"

Nelly Wenger ne garde pas de souvenir précis de son discours d'ouverture du 15 mai 2002. Après une gestation laborieuse et d'innombrables polémiques financières, l'exposition nationale ouvrait enfin ses portes sur les sites de Morat (FR), Bienne (BE), Neuchâtel, Yverdon-les-Bains (VD) et sur l'arteplage mobile du Jura. Un Suisse sur deux l'a explorée et la plupart ont aimé.

>< A voir aussi, le sujet du 19h30, "Il y a vingt ans s'ouvrait Expo.02, la dernière exposition nationale suisse qui a marqué les mémoires avec ses constructions spectaculaires autour des Trois-Lacs":

Cette sixième exposition nationale a surpris, provoqué et séduit en évitant en grande partie le patriotisme et le pittoresque helvétique. Elle a donné un coup de fouet à l'économie locale et un coup de jeune aux localités hôtes.

Ses 4,2 millions de visiteurs se souviennent d'une formidable somme d'efforts, d'une architecture emballante et de la "magie de l'éphémère". Mais beaucoup aussi gardent en travers de la gorge les multiples cafouillages et la gabegie financière. Cet événement organisé tous les 25 ans environ a coûté 1,6 milliard de francs, dont plus de 900 millions de francs à charge de la Confédération (sept fois plus que prévu) et 85 millions payés par les villes et cantons.

Au lendemain de la fermeture, il pleuvait très fort. Je me suis réveillée et tout de suite, je me suis dit: 'peu importe qu'il pleuve au fond, les arteplages sont fermés'.

Pour l'ancienne directrice générale Nelly Wenger, les souvenirs de la journée de clôture, en revanche, restent vifs. "Ce n'est ni la fierté, ni la satisfaction pour le travail accompli qui prédominaient, mais le soulagement", confie-t-elle jeudi dans La Matinale.

Une frivolité assumée

Au registre des souvenirs, l'ancienne directrice générale conserve aussi les images initiales de l'événement, celles conçues par la directrice artistique Pipilotti Rist, qui a démissionné juste avant son arrivée et qu'elle n'a pas connue.

Mais aussi "comme tout le monde, des sites, des lacs, de la beauté, de cette architecture de rêve au sens premier du terme. Je vois d'abord cela, la légèreté, cette frivolité bienvenue mais assumée. Ce n'était pas un air de vacances, c'était une aspiration réelle à la légèreté. (..) Nous avons choisi le canal de l'art et de la culture dans cette expo, qui est la première à avoir été considérée comme un événement culturel à part entière. Et en fait, les artistes ont ce talent-là de laisser poindre ce qui est encore émergent. On a vu venir quand même la fin de cette période des années 90 caractérisée par cette légèreté et cet hédonisme et poindre un peu la suite, l'arrivée dans un contexte différent", rappelle Nelly Wenger.

Quatre projets sont encore en lice pour la prochaine exposition nationale, qui pourrait se tenir en 2027. "Il y a un champ infini pour les auteurs de cette prochaine expo. De mon côté, je souhaiterais qu'elle soit audacieuse, qu'elle ne se laisse pas gagner par l'anxiété de certains qui leur conseilleraient de ne pas faire de vagues, d'être dans les stéréotypes. Donc, de l'audace et de la créativité, mais sous une tout autre forme qu'il y a 20 ans!"

Propos recueillis par Frédéric Mamaïs

Adaptation web: mh avec ats