Se lever à l'aube, finir au milieu de la nuit ou encore travailler en plein air qu'il vente ou qu'il neige: certains métiers font moins rêver que d'autres. Les secteurs de la construction, de la boulangerie ou encore des transports sont particulièrement réputés pour avoir de la peine à recruter.
A contrario, les hautes écoles, elles, sont de plus en plus valorisées. En vingt ans, leur nombre d'étudiants a plus que doublé en Suisse. Pour Eric Collomb, ce déséquilibre traduit une réelle problématique pour l'économie suisse, mais aussi pour sa propre société. "La croissance de mon entreprise est actuellement bloquée car je manque de main d'oeuvre, c'est une situation terrible", confie-t-il vendredi dans La Matinale.
Le cursus universitaire encouragé par les parents
Ne faudrait-t-il pas commencer par revaloriser le salaire des apprentis pour attirer les jeunes? Eric Collomb n'est pas opposé à l'idée. Il propose, dans ce sens, une formation accélérée sur douze mois, destinée à des personnes adultes, durant laquelle les futurs chauffeurs poids lourds sont payés un peu plus de 4000 francs par mois. "Ainsi, même en formation, ces apprentis reçoivent un salaire décent."
Une formation qui se déroule à Avenches (VD) et qui connaît un certain succès. "En Suisse il manque 4000 chauffeurs, on a donc mis en place deux systèmes de formation pour pallier cette pénurie", explique Cristiano, l'un des formateurs, dans La Matinale. Les métiers manuels ont de moins en moins la cote tandis que la voie académique est, elle, encouragée par les parents, observe-t-il.
Académisation de l'apprentissage
Pour Eric Collomb, la voie royale faite aux formations académiques joue clairement un rôle dans ce manque d'apprentis. "Elle est devenue trop facile d'accès pour les jeunes. Le niveau d’exigence devrait être relevé". Il déplore, par ailleurs, l'augmentation des exigences théoriques lors de la formation professionnelle, "mettant certains apprentis sur le bas côté de la route".
Pour résoudre cette problématique, l'entrepreneur appelle à une meilleure valorisation de l'apprentissage au niveau des cycles d’orientation, mais aussi à une adaptation du niveau d'exigence. Cela afin de ne pas décourager les apprentis et ne pas mettre à mal une voie professionnelle déjà "en danger".
Benjamin Luis/Fabrice Gaudiano
Texte web: Hélène Krähenbühl