La veille, le philosophe originaire de Sierre avait tenu une conférence à Genève sur les discriminations croisées. Ce dernier, qui vit avec une "infirmité motrice du système cérébral" depuis la naissance, a fait son coming-out en juin 2021, il y a presque un an. Lui qui s'attendait à un "bannissement social" se déclare "content de l'amour inconditionnel et de la tolérance reçus".
Ne pas faire le jeu de l'exclusion
Pour le Sierrois, "l'idée de lutter pour l'égalité d'une communauté, c'est universel", faisant un clin d'oeil au philosophe français Gilles Deleuze et à sa phrase: "Si toutes les minorités se mettaient ensemble, elles seraient majoritaires".
Le combat pour le droit des minorités, c’est un élan pour l’humanité tout entière
Selon Alexandre Jollien, "les étiquettes ne sont que des étiquettes. C'est le combat de chaque être humain de s'en défaire. Il ne faut pas tomber dans un ghetto et brandir les identités les unes contre les autres. Ce serait faire le jeu de l'exclusion. (...) On est appelé à voir les autres au-delà des étiquettes. Le combat pour le droit des minorités, c'est un élan pour l'humanité tout entière".
Un combat encore d'actualité
Le philosophe rappelle que ces combats pour le droit des minorités ne sont pas terminés, loin s'en faut. Un rapport publié par Unisanté en janvier montre que les jeunes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) du canton de Vaud, par exemple, sont davantage la cible de violences sexuelles et de harcèlement que les jeunes hétérosexuels et leur santé globale est moins bonne.
Pour Alexandre Jollien, cette réalité de la discrimination se traduit parfois dans des expériences plus banales, des expériences du quotidien, notamment au travers de remarques déplacées. Il raconte : "Hier, je suis allé me promener à la Cathédrale de Lausanne. Là-bas, une dame m'a dit très gentiment : 'Je connais un pasteur qui pourrait te guérir'".
Réagissant à ces propos, le philosophe évoque "le combat de sa vie", un combat pour accepter de dire : "Oui, ce n'est pas méchant, mais c'est maltraitant", un combat de la pédagogie et de l'esprit contre les mots et des gestes discriminatoires et violents.
Journée de mobilisation et de célébration
Enfin, Alexandre Jollien rappelle que cette Journée internationale de "lutte" du 17 mai est aussi une célébration. "On fête un amour inconditionnel qui ne juge pas, qui ne met personne sur la touche", défend-il, rappelant que les mouvements sociaux contre les discriminations luttent surtout pour l'acceptation de tout le monde. "On va s'engager à fond", conclut-il, sur une note enjouée.
Propos recueillis par Philippe Revaz
Adaptation web : Julien Furrer