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Gerhard Pfister: "Il faut arrêter de se comporter comme si rien n'avait changé en Europe"

L'invité du dimanche: Gerhard Pfister, président du Centre, évoque la place de la Suisse et sa neutralité dans le contexte de la guerre en Ukraine
L'invité du dimanche: Gerhard Pfister, président du Centre, évoque la place de la Suisse et sa neutralité dans le contexte de la guerre en Ukraine / 19h30 / 8 min. / le 22 mai 2022
Alors que les forces russes gagnent du terrain dans le Donbass, la Suisse s'interroge sur son rôle de pays neutre dans ce conflit. Pour Gerhard Pfister, le président du Centre, ne pas laisser l’Allemagne livrer des munitions suisses à l’Ukraine est comparable à de la "non-assistance à personne en danger".

"La Suisse a l'obligation de se défendre. Lorsqu'il s'agit de l'attaque d'un pays européen, la Suisse doit porter secours à ce pays car lui aussi protège la Suisse en se défendant", explique Gerhard Pfister au 19h30.

Pourtant, le président du Centre a soutenu, en octobre 2021 au Parlement, la loi sur le matériel de guerre qui interdit à la Suisse, sans exception, les exportations d’armes vers des pays impliqués dans une guerre. Aurait-il changé d'avis?

"Dans l'intérêt de la Suisse"

"Le monde a changé et nous avons une situation tout à fait nouvelle. Maintenant, il s'agit d'une guerre en Europe. Quand on avait voté pour cette loi, on parlait des guerres hors de l'Europe", explique Gerhard Pfister. Pour lui, dans le cas de l'Ukraine, la Suisse a un intérêt à aider ce pays.

Cela reste certes interdit par la loi mais, souligne le Zougois, "la Constitution permet au Conseil fédéral d'agir dans l'intérêt du pays quand c'est nécessaire. Pour moi, les intérêts de la Suisse sont sur la table et le Conseil fédéral devrait agir de manière plus pro-active". "Il faut arrêter de se comporter comme si rien n'avait changé en Europe", déclare le politicien face aux critiques qui l'accusent de vouloir redorer l'image de son parti grâce à la guerre.

Coopérer avec l'Otan sans en devenir membre

En Europe, d'autres pays comme la Finlande et la Suède renoncent à leur neutralité pour déposer une demande d’adhésion à l’Otan. Mais pour le centriste, il n'est pas question de suivre ces exemples. Selon lui, "la Suisse doit coopérer avec l'Otan mais être membre ne fait aucun sens".

"Il faut se poser la question: à quoi servent nos nouveaux avions de combat? Est-ce qu'ils doivent être utilisés uniquement dans l'espace aérien suisse ou peuvent-ils être intégrés dans la défense de l'Europe?", souligne encore le politicien.

Propos recueillis par Fanny Zürcher

Adaptation web: Andreia Portinha Saraiva

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