A Lucerne, haut lieu du tourisme international avant la pandémie, les touristes long-courrier commencent à faire leur retour sur le pont de la Chapelle, comme a pu le constater le 19h30. Sur l'emblème touristique de la ville de Suisse centrale, on croise des Vietnamiens ou des Néo-Zélandais qui n'ont pas hésité à voyager en Suisse, malgré l'inflation et la guerre en Ukraine.
Un peu plus loin sur la rive du lac des Quatre-Cantons, un hôtel cinq étoiles a subi de plein fouet l'éclatement du conflit ukrainien, qui s'est traduit par une salve d'annulations principalement des touristes américains. Mais depuis le début du mois de mai, les réservations sont de nouveau reparties à la hausse avec des hôtes en provenance des Etats-Unis, de Corée du Sud et d'Inde essentiellement.
"Durant la pandémie, on avait principalement une clientèle suisse. On aime cela, mais c'est mieux quand il y a un mix. Maintenant, en mai, on voit que les marchés évoluent sainement", explique le manager général Gabriel Stucki samedi dans le 19h30.
Des touristes chinois qui se font désirer
L'hôtellerie suisse retrouve des couleurs, même si pour le premier trimestre 2022, le nombre de nuitées est toujours inférieur de 13,6% par rapport à la même période en 2019.
"Actuellement, les prévisions sont bonnes pour la clientèle suisse et européenne", constate Damian Constantin, directeur de Valais/Wallis Promotion. "Il est cependant difficile de savoir si cela suffira à compenser l'absence des marchés lointains, qui sont encore très loin d'atteindre leur niveau d'avant crise, bien que la clientèle américaine ait commencé à faire son retour", précise-t-il.
A Lucerne, ce sont surtout les visiteurs chinois qui se font désirer. Exemple dans un magasin de souvenirs où, sans cette clientèle asiatique, le chiffre d'affaires est quatre fois moins important qu'en 2019, une année record.
"Ils achètent volontiers des montres, du chocolat, des couteaux. Surtout, ils sont là toute l'année, pas seulement en été, mais aussi en hiver. Et ça, ça nous manque beaucoup", précise un commerçant.
En raison du conflit en Ukraine, les Russes manquent aussi, constate Marie Forestier, directrice de l'hôtel Bon Rivage à La Tour-de-Peilz (VD). "C'est une clientèle qualitative, qui fait des longs séjours et qui dépense énormément. Concernant la clientèle chinoise, elle est aussi très importante. En 2019, elle représentait 1'400'000 nuitées. Cette année, nous allons avoir du mal à les compenser", estime-t-elle.
L'inflation, un défi
Le grand défi actuellement pour le tourisme suisse est posé par l'inflation, alors même que la Suisse est déjà une destination de vacances onéreuse. "L'effet risque de se faire sentir en particulier sur la clientèle européenne", estime Damian Constantin. "Mais les clients sont prêts à payer pour la qualité", relativise-t-il.
Selon un sondage conduit par HotellerieSuisse début mai, plus de la moitié des établissements ont augmenté leurs prix par rapport à l'année dernière. Dans la majorité des cas, la hausse s'explique par des prix d'achat plus élevés, par exemple dans l'énergie, tandis qu'un tiers des hôtels justifie cette augmentation par des charges de personnel plus élevées. "Le problème pourrait toutefois encore s'aggraver face à la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée", relève la faîtière.
Sujet TV: Julien Guillaume
Adaptation web: jfe avec awp/ats
Des envies d'étranger pour les Suisses
Après deux années de restrictions sanitaires, les dépenses des Suisses à l'étranger ont fortement rebondi au cours des quatre premiers mois de l'année. La France et l'Italie ont particulièrement profité de ces effets de rattrapage, d'après les données récoltées par Monitoring Consumption Switzerland.
Les dépenses à l'étranger effectuées par les détenteurs d'une carte de paiement émise en Suisse ont doublé entre janvier et avril, par rapport à la même période un an plus tôt.
Les Suisses semblent également répondre de plus en plus à l'appel des pays lointains. Dans la catégorie "Monde", les paiements par cartes ont augmenté d'un tiers par rapport à 2019. Les dépenses pour des nuitées ont triplé, tandis que les dépenses de consommation ont doublé, tout comme celles dans la restauration.
Mais le transport remporte la palme: les montants ont sextuplé par rapport à 2019, la hausse des prix des billets d'avion ayant certainement joué un rôle.