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Faut-il interdire les gangs de motards violents en Suisse?

Une veste des Hell's Angels. [KEYSTONE - Jakob Studnar]
Zoom - Faut-il interdire les motoclubs en Suisse ? / La Matinale / 2 min. / le 1 juin 2022
Les groupes de motards des Hells Angels et des Bandidos défraient l'actualité en Suisse, entre un procès houleux à Berne et une fusillade survenue à Genève. Face à cette violence, certains pays ont décidé d'interdire ces clubs, mais quid de la Suisse?

Hells Angels, Bandidos, Satudarah, plusieurs de ces "MC" (pour motoclubs), comme on les appelle dans le milieu, sont considérés comme des organisations criminelles dans d'autres pays européens, comme en Allemagne ou encore aux Pays-Bas.

Les Néerlandais ont d'ailleurs été le premier pays au monde à interdire purement et simplement les Hells Angels sur tout le territoire en 2019, une décision qui faisait suite à plusieurs tentatives avortées. Plusieurs incidents ont été évoqués pour justifier cette interdiction. En 2016, une fusillade avec une bande rivale avait notamment eu lieu dans un café. Depuis, les Pays-Bas ont également décidé d'interdire les Bandidos et les Satudarah.

En Allemagne, ce sont plusieurs Länder qui ont interdit des clubs locaux de Bandidos. L'idée d'interdire les Hells Angels avait également été mise sur la table il y a une vingtaine d'années, mais sans succès. La police procède toutefois régulièrement à des coups de filet contre ces motoclubs, qui sont considérés comme de véritables organisations criminelles.

Peu d'interventions en Suisse

A contrario, la police suisse a effectué la majorité de ses interventions, notamment des perquisitions, à la demande de services de police étrangers. Des enquêtes sont bien entendu ouvertes après des bagarres importantes, comme celles de Belp ou de Genève.

>> Lire aussi : Nouvelles altercations en marge du procès des membres de bandes de motards et Deux gangs de motards se disputent le canton de Genève

Mais les forces de l'ordre et la justice apparaissent démunies. Souvent, les suspects ne sont pas clairement identifiables. Même si elle est prouvée, la présence de certains individus sur les lieux d'un affrontement ne suffit par exemple pas toujours à établir une culpabilité. Des recours sont donc souvent déposés et des acquittement prononcés.

Une interdiction à l'échelle du pays?

Depuis quelques jours, la thématique de ces clubs de motards s'est invitée dans les travées du Parlement. Se pose alors la question d'une interdiction de ces groupes.

Pour la classe politique, une telle décision n'apparaît pas si simple et surtout, elle ne garantit en rien une diminution de la violence.

"Ce n'est pas le fait d'appartenir à tel ou tel groupe de motards qui rend de ce fait tout motard avec une Harley criminel. On pourrait alors se dire qu'on va fermer toutes les pizzerias du pays parce qu'il y en a quelques-unes qui sont contrôlées par des organisations mafieuses italiennes... Il faut agir avec discernement et avec les moyens prévus par la loi", explique Jean-Luc Addor, conseiller national UDC.

A gauche, la Verte vaudoise Léonore Porchet ne voit pas non plus d'un bon oeil une interdiction: "Il y a peu de groupes interdits en Suisse, pourquoi? Parce que l'idée c'est qu'une fois qu'ils sont interdits, ils ne disparaissent jamais et passent sous le radar. Il est plus facile de les surveiller et de garantir qu'il y ait moins de violence si on les connaît. L'interdiction n'est donc pas toujours la bonne solution."

>> Le reportage de La Matinale:

Sujets radio: Célia Bertholet et Mathieu Henderson

Adaptation web: ther

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