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Les services secrets suisses auraient collecté des données sur des partis et des ONG

Services de renseignements: collecte contestée d’informations
Services de renseignements: collecte contestée d’informations / 19h30 / 2 min. / le 1 juin 2022
À Berne, le parti des Vert-e-s et plusieurs ONG dénoncent la surveillance illégale dont ils auraient fait l'objet par le service de renseignement de la Confédération (SRC). Le SRC réfute toute surveillance ciblée envers des groupes politiques.

En mai 2020, la RTS révélait que plusieurs élus et élues, dont le conseiller aux Etats socialiste Carlo Sommaruga, étaient cités dans les dossiers du SRC. Le socialiste était monté au créneau après avoir constaté qu'une soixantaine de pages de données le concernant avaient été stockées sur plusieurs années.

>> Lire à ce sujet : Carlo Sommaruga dénonce un contrôle "scandaleux" des renseignements

Aujourd'hui, de nouvelles personnalités politiques s'estiment à leur tour illégalement surveillées. Les Vert-e-s ont demandé au SRC de pouvoir consulter leur dossier. Résultat: le parti compte près de 2400 entrées. Son président Balthasar Glättli apparaît lui-même plus de 100 fois, dont 35 fois de manière "injustifiée".

Dans sa banque de données, le service de renseignement a, par exemple, enregistré des articles sur des assemblées du parti. "Il est frappant de constater que des choses aussi anodines et publiques qu'une assemblée des délégués fassent leur entrée dans la base de données de travail, où sont enregistrées des histoires de terrorisme, d'espionnage, d'extrémisme violent", note Balthasar Glättli.

Il concède toutefois que la plupart des entrées (2282) étaient en lien avec la gestion électronique des affaires de la Confédération (Gewer) et étaient justifiées.

"Extrémisme de gauche"

L'ONG "Public Eye" aurait aussi été répertoriée dans les ordinateurs des services secrets suisses, tout comme Amnesty, Humanrights.ch ou encore le GSsA. Les Vert-e-s et Public Eye avaient demandé à consulter leurs dossiers en juin 2021. Le SRC les a fournis un an plus tard.

Selon un communiqué de l'ONG, plusieurs des entrées font référence à "l'extrémisme de gauche". Il est par ailleurs sous-entendu que l’organisation ne s’est pas distanciée d'éventuels actes de vandalisme, notamment dans le cadre de contestations contre le Forum économique mondial de Davos. Selon le SRC, les "Public Eye Awards", remis en marge du WEF, auraient pu "inspirer" des cercles violents à mener des actions contre les sociétés nominées.

Aucun fait ou justification plausible ne vient toutefois appuyer ces suppositions, critique Public Eye.

Banque de données en cours d'épuration

Le SRC dément de son côté toute activité illégale. Selon lui, les partis politiques ne sont "clairement pas une cible" du renseignement, et ces organisations ne sont pas fichées en tant que telles. Interrogé par SRF, le service précise que ces données sont utilisées à d'autres fins, sans préciser lesquelles.

"Le SRC ne collecte pas d'informations sur les politiciens ou les partis", déclare sa responsable de communication Isabelle Graber. "Il ne surveille que les personnes ou les organisations qui représentent une menace pour la sécurité de la Suisse." Donc, par exemple, contre le terrorisme ou l'espionnage.

Toutefois, le service examine désormais la pertinence de chaque information avant de la collecter. Il indique aussi que ses banques de données sont actuellement en cours d’épuration: quatre millions et demi de messages ont déjà été effacés.

jop avec nw/jg et ats

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