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Nombreuses demandes de pays pour des armes suisses en raison de la guerre en Ukraine

Un tank Leopard 87 de l'armée suisse. [KEYSTONE - GAETAN BALLY]
La Confédération a clarifié certaines demandes d'exportations d'armes / Le Journal horaire / 31 sec. / le 3 juin 2022
L'Allemagne et le Danemark ne pourront pas transmettre du matériel de guerre de provenance suisse à l'Ukraine. Berne a refusé vendredi des demandes de ces deux pays. Berlin est en revanche autorisé à disposer librement de vieux chars Leopard 2 revendus par la Confédération.

Concernant les demandes déposées par Berlin et Copenhague, le Conseil fédéral a estimé que "les critères applicables aux exportations définis dans la loi fédérale sur le matériel de guerre et l'égalité de traitement découlant du droit de la neutralité ne permettent pas à la Suisse d'approuver une demande de transmission de matériel de guerre de provenance suisse à l'Ukraine".

Un blindé de transport de troupes Piranha IIIC de l'armée suisse [KEYSTONE - Anthony Anex]
Un blindé de transport de troupes Piranha IIIC de l'armée suisse [KEYSTONE - Anthony Anex]

La demande de l'Allemagne concernait des munitions de fabrication suisse pour des chars antiaériens de type Gepard, ainsi que pour des chars de grenadiers à roues Piranha III achetés initialement par le Danemark et stationnés en Allemagne depuis leur retrait de service.

La demande du Danemark, elle, portait sur 22 chars de grenadiers à roues Piranha III produits en Suisse, souligne le gouvernement dans un communiqué.

Envoi de pièces détachées autorisé

Le Conseil fédéral juge en revanche possible de livrer du matériel de guerre sous forme d'éléments d'assemblage ou de pièces détachées à des entreprises d'armement européennes, même si le matériel de guerre fabriqué est susceptible d'être envoyé en Ukraine.

Le gouvernement a étudié deux demandes d'exportation déposées par des sociétés suisses à destination d'entreprises d'armement en Allemagne et en Italie. L'une portait sur des composants de lance-roquettes antichar, l'autre sur des composants destinés à la défense aérienne.

Le gouvernement reconnaît que ces transactions présentent le risque que certains des composants soient utilisés dans du matériel de guerre livré ensuite à l'Ukraine. Il estime toutefois que la pratique actuelle est compatible avec le droit de la neutralité.

Elle prévoit que les livraisons de matériel de guerre sous forme de pièces détachées et d'éléments d'assemblage sont en principe autorisées, sous réserve que leur part dans le produit final soit inférieure à un certain seuil, fixé à 50% pour les pays comme l'Italie et l'Allemagne.

Feu vert pour des chars déjà remis à l'Allemagne

Le Département fédéral de la défense (DDPS) et armasuisse se sont également penchés sur des demandes de transmission de matériel provenant d'anciens stocks ou de stocks actuels de l'armée. Ces dernières semaines, des Etats européens ont adressé des demandes à la Suisse concernant la livraison de matériel de guerre, rappellent-ils dans un second communiqué.

Ils veulent notamment permettre à des pays qui ont mis des systèmes militaires à la disposition de l'Ukraine de reconstituer leurs propres stocks. L'Allemagne recherche entre autres des chars de combat de type Leopard 2 A4 issus de l'industrie. Elle veut les remettre à la République tchèque et à la Pologne, qui ont elles-mêmes livré des chars de conception soviétique à Kiev.

Un char Leopard II de l'armée suisse, en exercice à Bure (JU), en 2003. [KEYSTONE - Gaetan Bally]
Un char Leopard II de l'armée suisse, en exercice à Bure (JU), en 2003. [KEYSTONE - Gaetan Bally]

Armasuisse avait revendu, entre décembre 2010 et mai 2011, 42 chars Leopard 2 au fabricant d'origine, l'allemand Rheinmetall. Ces engins avaient été mis hors service. Le canon de 120 mm, l'installation de lancement multiple, les mitrailleuses, l'installation de communication de bord et d'autres pièces avaient alors été démontés. Ils sont restés en Suisse pour servir de pièces de rechange aux chars Leopard restants.

Le DDPS a confirmé à l'Allemagne que l'utilisation ultérieure de ces chars relève de la seule responsabilité de Rheinmetall et est donc soumise à la législation allemande sur l'exportation de matériel de guerre. L'Allemagne peut ainsi décider librement de l'utilisation ultérieure de ces véhicules.

Pas de chars pour la Pologne

La Pologne s'intéressait pour sa part aux chars Leopard désaffectés de l'armée suisse. Elle a besoin de moyens pour reconstituer ses propres stocks et capacités de défense.

L'aliénation de chars désaffectés à un autre Etat suppose toutefois une mise hors service de ces systèmes, étape soumise à l'approbation du Parlement dans le cadre de messages sur l'armée, souligne le communiqué. Dans les circonstances actuelles, le DDPS estime que la remise de ces engins à Varsovie ne peut pas être réalisée dans un délai utile, c'est donc une question de calendrier qui est en cause dans ce cas.

>> Lire aussi à propos de ces chars : Faut-il sortir du rebut les vieux chars de l'armée pour renforcer la défense?

ats/ami

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Préséance à la Grande-Bretagne

La Confédération a aussi accepté une demande de la Grande-Bretagne. Elle est d'accord pour que l'entreprise suédoise Saab Dynamics AB livre des missiles antichars de type NLAW en priorité à Londres.

Les livraisons étaient prévues de manière échelonnée d'ici au début 2023. Le DDPS a décidé de céder à la Grande-Bretagne la livraison des deux premiers lots de NLAW prévus pour la Suisse. Ceux-ci, qui représentent 30% du volume commandé, devraient être livrés à la fin 2024.

Selon le communiqué, ce retard "est tout à fait soutenable", car l'armée suisse dispose d'autres systèmes d'armes pour la défense antichars. De plus, l'instruction de la troupe pourra commencer comme prévu avec des simulateurs et la livraison à partir de la fin 2022.