"Yvorne Grandeur nature", première appellation 100% bio de Suisse, veut promouvoir une démarche globale, plus respectueuse de l'environnement, avec l’appui de scientifiques.
Cette centaine de professionnels va opter pour des méthodes de culture qui favorisent la biodiversité des plantes et des animaux, et qui protègent la santé des riverains.
Les viticulteurs s’engagent par exemple à enherber le sol entre les vignes, à consacrer au moins 20% de leurs surfaces à la biodiversité en y créant des biotopes ou encore à renoncer à terme aux produits de synthèse pour traiter la vigne. Parmi les 22 mesures, certaines sont déjà obligatoires cette année. Les autres devront être adoptées au plus vite, selon leur degré de priorité.
Motivations environnementales et commerciales
"Aujourd'hui, le vignoble d'Yvorne, comme beaucoup de vignobles, ressemble à une monoculture de vigne, peu favorable à la biodiversité", constate dans le 12h30 Conrad Briguet, directeur de la Haute école de viticulture et œnologie de Changins qui accompagne durant cinq ans le projet. Ce qui le rend "innovant", selon le professeur, c’est l’accent mis sur l’augmentation de la biodiversité, "qui ne s’arrête pas à une déclaration d’intention, mais qui comprend des mesures et des relevés de flore, de faune, d’oiseaux, de reptiles". Un nouveau relevé sera réalisé d’ici deux à trois ans.
En attendant, le vignoble d’Yvorne devrait passablement changer de visage avec des haies, des talus, des espaces arborés ou encore des points d’eau, à l’intérieur même des parcelles. Convaincre l’ensemble des viticulteurs de la commune vaudoise n’a pas été chose aisée et certains doivent encore l’être, explique Marco Mayencourt, président de la société coopérative des Artisans Vignerons d’Yvorne. "Ce sont surtout les petits vignerons, ceux que l’on appelle parfois les vignerons du dimanche, qui ont opposé le plus de résistance".
Si les professionnels sont sensibles aux objectifs de préservation de la nature, ils sont aussi séduits par la logique commerciale du projet qui répond, à leurs yeux, aux attentes de clients "en quête de sens" et de produits "authentiques, honnêtes et respectueux".
Julie Rausis/furr