Les femmes ont manifesté dans de nombreuses villes de Suisse. Elles étaient 10'000 en soirée à Berne, rassemblées sur la Place fédérale. Les manifestantes étaient environ 10'000 aussi à Lausanne, selon la police, 4000 à Genève et plusieurs milliers à Bâle ou à Zurich.
A Lausanne, les manifestantes sont parties peu avant 19h00 de la place de la Riponne pour un tour dans le centre-ville. Nombreuses à s'être vêtues en violet, elles ont chanté, dansé et égrené les slogans dans une ambiance festive. "Les femmes changent le monde" ou "L'avenir est féministe", pouvait-on notamment lire sur certaines banderoles.
"D'habitude elles rangent, le 14 juin elles dérangent", pouvait-on lire sur une pancarte brandie par une manifestante à Genève. Le défilé aux tonalités violettes s'est mis en mouvement vers 18h30, au rythme des groupes de percussions. Il a effectué une grande boucle qui a passé par le pont du Mont-Blanc avant de rejoindre le parc des Bastions.
A Zurich, les manifestantes ont demandé à "Monsieur" de leur "laisser la place" et à "Madame" de "prendre place". Ballons de couleur lilas en mains, elles ont réclamé des rentes AVS plus élevées et la fin de l'inégalité salariale.
Outre les manifestations, les femmes ont organisé des actions dans plus de 30 communes durant la journée. A Lausanne, atelier d'initiation à la boxe, performances, exposition de linge sale ou encore chorale anarchiste ont eu lieu tout l'après-midi. A Genève, Bâle, Lucerne, la Chaux de Fonds, Neuchâtel ou encore à la Vallée de Joux, les femmes se sont également mobilisées.
Une révision de l'AVS "sur le dos des femmes"
Trois ans après la grande grève des femmes, les choses n'ont pas assez bougé en direction de l'égalité, critique l'Union syndicale suisse (USS). "Pire encore, une révision de l'AVS sur le dos des femmes menaces", déplore-t-elle. Cette thématique était donc au coeur de la plupart des manifestations.
L'heure est également à une répartition équitable du travail non payé, ajoute l'USS. Il s'agit également de combattre toutes les formes de discriminations fondées sur le sexe.
Sur la Place fédérale, à Berne, "les femmes ont interpellé les passants et les parlementaires pour attirer leur attention sur la pauvreté des femmes à l'âge de la retraite. Celles-ci touchent un tiers de rente en moins que les hommes. Ce sont donc les salaires trop bas et les rentes des femmes qu'il faut augmenter, pas l'âge de leur retraite", indique le syndicat Unia.
Les femmes travaillent "souvent à temps partiel, sans l'avoir choisi, dans des professions mal rémunérées, pourtant reconnues comme essentielles, comme les soins, la vente ou le nettoyage. Et ce sont elles qui, encore et toujours, assument la plupart des tâches ménagères et familiales, sans aucune rémunération ni reconnaissance", a ajouté le syndicat qui a expliqué que les femmes se préparent aussi pour une nouvelle grande grève en 2023.
Pétition européenne déposée
Feminist Asylum, une coalition européenne qui regroupe 261 organisations de 18 pays d'Europe, a choisi aussi cette date symbolique du 14 juin pour adresser une pétition féministe européenne pour une reconnaissance effective des motifs d'asile propres aux femmes, aux filles et aux personnes lgbtiqa+ au Conseil fédéral et au Parlement.
Le texte a déjà été déposé le 18 mai à la Commission européenne des pétitions à Bruxelles, munie de 39'063 signatures récoltées en ligne (35'482) et sur papier (3581) entre novembre 2021 et mai. Il demande aux élus "une attention renforcée à l'égard des personnes victimes de violences fondées sur le genre et un engagement concret et systématique pour la mise en œuvre effective des dispositions du droit international qui garantissent le droit à une protection et à l'asile aux personnes vulnérables"
ats/lan