Michel Polacco: La fermeture de tout un espace aérien suite à une panne est "inédite"
La panne chez Skyguide a généré mercredi de grosses perturbations dans le ciel suisse et européen. Un événement qui est toutefois à relativiser, selon Michel Polacco, spécialiste de l'aéronautique. "Le plus important, c'est qu'il n'y a pas eu d'accident", insiste-t-il dans La Matinale.
Suite à la panne chez Skyguide mercredi, trois voyageurs sur quatre ont subi soit un retard, soit une annulation de leur vol. Ce genre d'incident touchant un pays tout entier est totalement inédit dans le monde de l'aéronautique, selon le spécialiste de l'aéronautique Michel Polacco.
"D’une manière générale, dans un pays, il existe plusieurs centres de contrôle aérien. Et il est rare que l’ensemble des centres soient touchés. En Suisse, qui est un petit pays en termes de surface, il y a un seul centre de contrôle. Et c'est lui qui a été touché par la panne."
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La sécurité toujours assurée
Quoi qu'il en soit, la gravité de cet événement reste à relativiser, souligne Michel Polacco dans La Matinale. Certes, d'un point du vue économique, cette panne est incontestablement un problème. Mais la sécurité, fort heureusement, a toujours pu être assurée durant les deux heures pendant lesquelles aucun avion ne pouvait décoller ni atterrir dans le pays. "C’est ennuyeux pour beaucoup de monde, mais il n'y a pas eu d'accident", insiste-t-il.
Selon lui, le principe de base du contrôle aérien est en premier lieu d'assurer la sécurité. "Ce n'est qu'ensuite qu'il s'agit d'assurer la fluidité du trafic aérien et la rentabilité du système", ajoute le spécialiste. Sans compter que la Suisse, située au beau milieu de l'Europe, joue un rôle extrêmement important en termes de surveillance du trafic aérien. "La Suisse a environ 700'000 mouvements d'avions à contrôler chaque année. C'est très important. C'est un grand pays en termes de survols. C'est donc normal de privilégier la sécurité."
Un mal pour un bien
Cet événement pourra même se révéler bénéfique au final, car il servira d'après lui de retour d'expérience pour la constitution du Ciel unique européen auquel la Suisse fait partie. "En tout cas, cette panne ne remet pas en cause la participation de la Suisse à ce projet d'importance", assure-t-il. En développement depuis 2004, ce nouveau système de gestion du trafic aérien européen est attendu à l'horizon 2030.
Au-delà de cette panne, le transport aérien traverse une zone de fortes turbulences depuis la pandémie de Covid-19 avec un manque chronique de personnel, des suppressions de vols ou des menaces de grève. Si Michel Polacco en est conscient, il assure que tout reviendra à la normale, "d'ici deux ou trois ans". "C'est la période qu'il faut pour former des candidats."
Propos recueillis par Valérie Hauert
Adaptation web: Fabien Grenon
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Retour à la normale
Le trafic aérien a repris normalement jeudi à l'aéroport de Genève, a indiqué un porte-parole de l'aéroport. Mercredi, les employés de l'aéroport et des entreprises partenaires ont été à pied d'œuvre toute la journée et jusque tard dans la soirée pour surmonter les difficultés engendrées par la panne de Skyguide.
A l'aéroport de Zurich, le trafic s'est continuellement amélioré au cours de la journée de mercredi, a déclaré jeudi une porte-parole de l'aéroport. Au total, 98 vols ont été annulés. Le dommage financier pour l'aéroport de Zurich est, pour autant que l'on puisse déjà l'évaluer, "relativement clair".
Pour l'aéroport de Genève, les conséquences de la panne de réseau sont comparables à celles provoquées par des perturbations de l'espace aérien, des annulations dues aux tempêtes de neige ou à des grèves dans les grands aéroports européens, a déclaré le porte-parole de l'aéroport.
Au total, 72 vols ont été annulés au cours de la journée. Sur les 33'000 passagers attendus mercredi, au moins 25'000 auraient été touchés d'une manière ou d'une autre par la panne. (ats)