Sur le drame de l'OTS, c'était la "foire d'empoigne médiatique", raconte Arnaud Bédat
La série documentaire "Temple solaire, l'enquête impossible" retrace les coulisses d'une affaire criminelle hors norme qui a obsédé trois journalistes à l'époque, le Suisse Arnaud Bédat et ses deux collègues français de TF1, le spécialiste des sectes Bernard Nicolas et Gilles Bouleau, le futur présentateur du 20h.
"Quand j'allais voir la Sûreté du Québec pour récupérer des procès-verbaux, on me disait toujours qu'un petit Suisse était passé avant moi. Je demandais: 'Comment il s'appelle? Bodux? Badeau? Bédat!' Là où j'étais, il était. Mais on ne se connaissait pas", témoigne Gilles Bouleau dans le documentaire.
Pas concurrents
Bernard Nicolas va ensuite les réunir pour créer ce "trio infernal". "Nous n'étions pas concurrents. Moi à L'Illustré, eux à TF1. Moi en Suisse, eux en France. Il n'y avait aucune concurrence", a raconté Arnaud Bédat vendredi dans l'émission de la RTS Médialogues.
Le journaliste souligne qu'il y avait pourtant une "foire d'empoigne" médiatique: "Tous les journaux de Suisse romande avaient quelqu'un sur le terrain à Cheiry, à Salvan, voire au Canada. Ce qui serait impensable aujourd'hui."
Arnaud Bédat prend l'exemple d'un autre drame qui a récemment marqué les esprits, celui de Montreux. "Si cela s'était passé en 1994, le témoignage du jeune rescapé serait déjà sorti dans la presse."
Communication encadrée
Le 5 octobre 1994, quarante-huit corps sans vie, calcinés, sont déc Sur le drame de l'OTS, c'était la "foire d'empoigne médiatique", raconte Arnaud Bédatouverts à Salvan (VS) et à Cheiry (FR). Le journaliste Arnaud Bédat en garde un souvenir très précis. "Je suis arrivé à la rédaction de L'Illustré: une équipe était partie à Salvan, une autre à Cheiry. Je me suis dit: 'Ça y est, j'ai loupé l'affaire'", explique Arnaud Bédat. A quelques heures d'intervalle, un autre massacre est découvert à Morin Heights, au Canada.
>> Le récit du drame de l'OTS : Il y a 25 ans, le drame de l'OTS choquait la Suisse et le monde
Arnaud Bédat s'envole donc pour le Canada pour suivre l'affaire. Un car de la police est dédié aux relations avec les médias avec un agent spécialement formé, "très à l'américaine". Il accueille les journalistes "très chaleureusement" et "totalement à notre service". "Il faut se remettre dans le contexte de l'époque: nous sommes en 1994. J'ai envie de dire, 50 ans av. J.-C. Nous nous étions habitués, dans notre petite Suisse paisible, à des relations un peu douces et amères avec les services de police."
Propos recueillis par Antoine Droux/vajo