Le pouvoir d'achat est au coeur des priorités affichées par plusieurs partis. Après l'UDC, les groupes du PS et du Centre mettent leurs propositions sur la table pour atténuer les effets de l'inflation. Une "urgence" selon les deux partis, qui ont déposé deux interventions pour qu'une session extraordinaire consacrée aux effets économiques du conflit ukrainien soit organisée durant la prochaine session d'automne.
L'augmentation des prix de l'essence et du chauffage a déjà été longuement discutée lundi au Conseil des Etats. Les sénateurs ont rejeté quatre motions UDC et du Centre demandant, entre autres, une réduction de l'impôt sur les carburants.
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Pour les deux partis, il faut agir en urgence pour soulager les bas et moyens revenus. "Les salaires et les rentes ne parviennent plus à couvrir le coût élevé de la vie", estime le PS. "Le moteur économique est grippé", et "le risque de tensions sociales s’en trouve encore accru", note Le Centre. Certaines mesures devraient donc être traitées en priorité lors d'une session extraordinaire.
Réduire les primes, indexer les rentes
Cette fois, les deux partis préfèrent agir au niveau des assurances sociales. En premier lieu, les primes d'assurance maladie. "L'année prochaine, celles-ci devraient augmenter comme jamais depuis près de 20 ans. Dans la situation actuelle, cela entraîne un problème existentiel pour de nombreuses familles et personnes seules", écrit le PS dans un communiqué. "Des mesures pragmatiques et à effet rapide sont désormais nécessaires", abonde Le Centre.
Les deux partis proposent ainsi d'augmenter de 30% la contribution de la Confédération à la réduction individuelle des primes maladie pour la classe moyenne pour l'année 2023.
Les personnes retraitées et les bénéficiaires de l'assurance invalidité sont également au coeur des revendications des deux groupes. Ils réclament une adaptation automatique des rentes en fonction du renchérissement. "Les retraités, qui doivent déjà souvent supporter des charges élevées par rapport à leurs rentes, sont parmi les plus touchés et risquent de perdre leur pouvoir d’achat", note le communiqué du Centre.
"La Suisse a les moyens"
Pour le président du Centre Gerhard Pfister, il en va du devoir de la Confédération de dégager les moyens nécessaires à l'application de ses mesures d'urgence. Pour lui, l'argent ne doit pas être un problème. "Le combat contre la pandémie nous a coûté 35 milliards de francs", rappelle-t-il dans le journal de 12h30. "Nous sommes un pays riche. Si nous n'avons plus l'argent pour soutenir la classe moyenne, alors la Suisse n'est plus le pays que je veux m'imaginer."
Ces propositions ont de bonnes chances de succès, en particulier celle qui veut augmenter les rentes de l'AVS. En effet, l'UDC a déposé vendredi une motion qui va dans le même sens, et son président Marco Chiesa se dit prêt à travailler avec le PS et le Centre sur la question du pouvoir d'achat.
Sujet radio: Marielle Savoy
Texte web: Pierrik Jordan
D'autres mesures demandées par le PS
En plus des grandes lignes communes avec Le Centre, le Parti socialiste propose un paquet de mesures pour soutenir le pouvoir d'achat, rappelant qu'environ 60% de la performance économique suisse provient de la consommation des ménages.
Le parti s'inquiète notamment d'un potentiel renchérissement des biens essentiels. Si leurs prix devaient augmenter de plus de 5%, il demande l'introduction d'un "chèque fédéral" afin qu'une majorité de la population puisse bénéficier d'une allocation unique de 260 francs par adulte et 130 francs par enfant.
Loyers et transports publics
Le PS veut aussi agir sur les loyers et les charges locatives, à court et moyen terme. Il a déposé une motion pour demander l'introduction d'un plafond temporaire des charges pour les locataires, qui risquent d'augmenter jusqu'à 1200 francs par ménage en raison de la hausse des prix du pétrole et du gaz. Il demande en outre une obligation de révision périodique du rendement sur les revenus locatifs des immeubles d'habitation, afin d'éviter que la recherche de rendements ne se traduise par des loyers abusifs.
Les socialistes veulent aussi une baisse du prix des transports publics. Ils demandent notamment des réductions sur les abonnements demi-tarif et des tarifs plus bas pour les familles.
Enfin, la transition écologique reste une préoccupation majeure, de même que la dépendance énergétique vis-à-vis de l'étranger, qui provoque cette volatilité des prix. Le PS appelle donc à des investissements pour accélérer la transformation écologique du parc immobilier suisse, en abandonnant la dépendance au gaz et au pétrole étrangers au profit des sources d'énergie locales.