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Des scientifiques étudient le patrimoine génétique des lynx suisses

Le Lynx qui a été réintroduit en Suisse au début des années 1970.
OndrejProsicky
Auteur OndrejProsicky [OndrejProsicky]
Sur les traces du lynx en Singine / CQFD / 23 min. / le 16 juin 2022
En Suisse, des scientifiques tentent de capturer, brièvement, un maximum de lynx pour connaître le brassage génétique. Ils veulent savoir si la population de lynx est suffisamment diversifiée sur le plan génétique pour rester viable.

Dans les cantons de Berne et de Fribourg, les scientifiques de la Fondation Kora installent de grandes cages en bois, camouflées avec des feuilles, sur les passages connus des lynx. Car le lynx - réintroduit au début des années 1970 en Suisse - est un animal routinier et passe souvent par les mêmes chemins.

Une fois que la présence du lynx dans la cage a été confirmée par le garde-faune, le vétérinaire spécialiste de la faune sauvage se rend sur place avec les membres de la Fondation Kora pour anesthésier l'animal, grâce à une toute petite ouverture dans la cage.

Le premier objectif est d'évaluer l'état de santé des lynx: s'ils sont infestés par des parasites, s'ils souffrent de malformations cardiaques et s'ils ont d'éventuelles pathologies qui peuvent être liées à une consanguinité trop importante avec une prise de sang ou des prélèvements de tissus.

Étude jusqu'en 2023

Jusqu'à présent, la Fondation Kora a capturé une vingtaine d'individus. Un échantillon trop faible pour établir un tableau précis de la diversité génétique des lynx. C'est la raison pour laquelle l'étude va durer jusqu'à la fin 2023. Mais les premiers résultats montrent que le brassage génétique est en baisse. Cette tendance rejoint les observations faites dans d'autres pays européens qui ont réintroduit le "fantôme de la forêt" sur leur territoire.

Il n'y a pas un seuil de variabilité génétique au-dessous duquel une espèce est en voie d'extinction, parce qu'il y a beaucoup de facteurs qui entrent en jeu et les populations n'évoluent pas de la même façon d'une région à l'autre. Cela dépend aussi de la capacité des individus à étendre leur territoire, à traverser des obstacles comme des axes routiers ou des régions très densément peuplées.

Faire venir des lynx d'ailleurs

Ce projet de recherche est mené dans plusieurs pays avec des résultats très disparates. Dans les Vosges, en France, la population a disparu. Elle se maintient en Allemagne, à la frontière de la République tchèque. Des pays ont aussi décidé de renforcer leur population en faisant venir des individus de l'étranger pour qu'ils se reproduisent avec les spécimens indigènes et augmentent la variabilité génétique du groupe.

Les données récoltées par les équipes de Kora pourraient aboutir à la conclusion qu'il faut importer des lynx en Suisse.

Sophie Iselin/vajo

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