A l'initiative du Club suisse de la presse, les principaux médias romands participent au mouvement. Parmi les signataires, on retrouve les rédacteurs en chef du Temps, du Matin dimanche, du Nouvelliste, du Courrier et de la RTS.
Interrogé dans le 12h30, son directeur Pierre Ruetschi estime qu'il est aussi du rôle des journalistes de s'engager sur ces questions. "Nous avons beaucoup discuté en conférence de presse de l'hésitation que peuvent avoir les journalistes à s'impliquer ou non. Il faut quand même regarder les choses en face: il y a un homme qui est détenu en violation flagrante des droits humains. Il y a des risques pour la profession, mais surtout pour la démocratie, pour la liberté d'information, pour apporter de l'information dans l'intérêt public", a-t-il expliqué.
"Ce n'est pas Julian Assange qui est en cause, mais c'est bien la liberté de la presse et le bon fonctionnement de la démocratie. S'il est extradé, ou pire, condamné, cela signifierait que nous, journalistes, ne pouvons plus avoir accès à certaines sources. Si elles ne sont pas dotées du tampon officiel, on ne pourra pas utiliser ces documents, même si cela relève de l'intérêt public", poursuit Pierre Ruetschi.
Extradition vers les USA
Le 17 juin, le gouvernement britannique a annoncé avoir signé le décret d'extradition vers les Etats-Unis de l'Australien de 50 ans, détenu à la prison de haute sécurité de Belmarsh, près de Londres, depuis trois ans.
Julian Assange est poursuivi aux Etats-Unis, où il risque 175 ans de prison pour avoir publié en 2010 sur son site WikiLeaks environ 700'000 documents confidentiels portant sur les activités de l'armée américaine, notamment en Irak et en Afghanistan. Une vidéo montrait une attaque lancée depuis un hélicoptère sur des civils dans les rues de Bagdad.
Pour les signataires de cet appel regroupant des dirigeants de syndicats de journalistes français, britannique, allemand, espagnol et australien, la décision du gouvernement britannique constitue une "violation flagrante des droits de l'Homme" et démontre un "mépris total de la liberté de la presse."
Journalisme d'investigation fragilisé
L'extradition de Julian Assange "aurait des répercussions graves pour le journalisme d'investigation puisque tout usage de documents dit classifiés ou secrets pourrait être poursuivi", poussant à ne pas "dévoiler (d')informations d'intérêt public en provenance de sources officielles protégées."
Le fondateur de WikiLeaks a passé sept ans à l'ambassade d'Equateur à Londres où il s'était réfugié en 2012, alors qu'il était en liberté sous caution.
Il craignait alors une extradition vers les Etats-Unis, ou bien vers la Suède où il faisait l'objet de poursuites pour viol depuis abandonnées. Il avait finalement été arrêté par la police britannique en avril 2019 et emprisonné.
cab avec afp