La nouvelle stratégie, renommée Rail 2050, veut améliorer l'offre sur les courtes et moyennes distances. Le trafic RER sera renforcé et les petites et moyennes villes seront raccordées aux grandes agglomérations.
Les gares en banlieue seront aménagées pour pouvoir accueillir plus de trains IR et RE ou encore des nouvelles lignes diamétrales ou tangentielles dans les agglomérations. Le Conseil fédéral cherche ainsi à réorienter sa stratégie ferroviaire à long terme.
"Tous les employés ne travaillent pas au centre-ville"
Jusqu'à présent, l'objectif était d'éliminer les goulets d'étranglement et d'augmenter la cadence. "Il a même été question à un moment d'introduire des trains toutes les cinq minutes entre Zurich et Berne", a rapporté la ministre des transports Simonetta Sommaruga devant les médias. Ce ne sera plus le cas à l'avenir.
Pas question non plus d'essayer de raccourcir encore de cinq minutes le trajet sur cette ligne-phare des CFF, a assuré la Bernoise. "Ça coûte énormément." Et ce n'est pas là qu'il a le plus de potentiel.
Toutefois, cette idée ne plaît pas à tout le monde. "Je valide l'idée de potentialiser dans les agglomérations mais ça ne va pas suffire en Suisse romande là où il n'y a pas eu ces gains de temps", déclare Nurria Gorrite au micro de Forum. "Nous sommes déçus que le Conseil fédéral n'ait pas imaginé des alternatives, notamment dans les infrastructures, pour gagner du temps fondamental en Suisse romande", ajoute-t-elle.
Le plus grand potentiel de développement du rail réside dans les agglomérations, où environ 85% de la population travaille, ainsi que dans les liaisons entre celles-ci et les centres périphériques. "Tous les employés ne travaillent pas au centre-ville", a souligné Simonetta Sommaruga. Il faut donc renforcer ces réseaux urbains et périurbains, grâce à de nouvelles lignes tangentielles ou diamétrales.
Plus d'offres pour atteindre les objectifs climatiques
De manière générale, les offres intermodales et les nouvelles formes de mobilité doivent être encouragées. La combinaison de différents modes de déplacements doit donc être encouragée.
Toutefois, le trafic des grandes lignes n'est pas complètement laissé de côté. Des réductions ponctuelles des temps de parcours sont prévues sur celles-ci, là où le rail n'est pas compétitif. La ministre envisage de telles réductions sur la liaison Fribourg-Lausanne, voire Berne-Lausanne.
Même topo dans le transport international, les offres devront aussi y être plus fréquentes. En transport de marchandises, l'accès au chemin de fer sera amélioré à l'aide de nouvelles plates-formes de transbordement intermodales et d'installations de logistique urbaine. Les capacités du corridor est-ouest devraient également être augmentées ponctuellement.
Cette approche permet de fournir la meilleure contribution possible à la réalisation des objectifs climatiques, se réjouit le Conseil fédéral. Pour l'instant, il ne s'agit que d'une vision globale. Aucun projet concret n'a été décidé. Le Parlement se prononcera vraisemblablement en 2026 sur la prochaine étape d'aménagement.
720 millions de francs pour les nouveaux aménagements
Tous les projets, déjà approuvés pour les étapes 2025 et 2035, ne sont pas concernés par cette nouvelle stratégie. Ils seront concrétisés, a insisté la conseillère fédérale. Certains avec un peu de retard, variant de trois à cinq ans, en raison de la multitude des projets. Il y a en quelque 300 dans le pipeline.
Mais cela ne rassure pas Nurria Gorrite qui attend "une feuille de route" précise. "Le système Vaco d'un milliard de francs ne pourra pas être réalisé. Nous attendons maintenant que le plan qui sera présenté aux Chambres fédérales en 2026 prenne en compte les infrastructures en Suisse romande notamment entre Lausanne et Genève", explique-t-elle.
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Mercredi, le gouvernement a encore adapté les étapes déjà planifiées. Il propose par exemple d'aménager le tunnel de base du Loetschberg à deux voies sur toute sa longueur. Des capacités supplémentaires seront ainsi créées et la stabilité de l'exploitation augmentera, estime-t-il.
Les autres aménagements concernent notamment le noeud de Genève, la gare de Stadelhofen ou encore les tunnels de Brütten et de Zimmerberg. Au total, 720 millions de francs supplémentaires sont nécessaires. Ces dépenses sont couvertes par le Fonds d'infrastructure ferroviaire (FIF).
De nouveaux chantiers devront être mis sur pied. Pour maintenir les restrictions qui leur sont liées à un niveau tolérable, ils seront répartis dans le temps. Des améliorations seront ainsi retardées de trois à cinq ans. Les aménagements supplémentaires ne pourront quant à eux être entamés qu'à partir de 2023. Une consultation a été ouverte avec un délai qui court jusqu'au 14 octobre.
ats/aps