Francis Egger, vice-directeur de l'Union suisse des paysans, explique dans La Matinale de la RTS que "les agriculteurs sont confrontés à l'augmentation du coût de l'énergie, qui se répercute sur les coûts des engrais, des machines et des infrastructures".
Ainsi, par rapport à la même période en 2021, les coûts en Suisse seraient déjà plus élevés de près de 900 millions de francs, selon Francis Egger.
Pire, ces coûts font pression sur les revenus agricoles, et risquent donc de conduire à une accélération des cessations d'activité. Une accélération qui pourra "peut-être remettre en cause la sécurité d'approvisionnement à long terme de notre pays", conclut-il.
Un plan sur la biodiversité qui fâche
C'est dans ce contexte que le Conseil fédéral a présenté son plan pour renforcer la biodiversité en Suisse. L'Union suisse des paysans s'était ralliée à ce plan, mais aujourd'hui sa mise en oeuvre crispe la faîtière. Elle compte sur ses relais à Berne, notamment le PLR et l'UDC, pour tirer le frein à main.
Jacques Nicolet, conseiller national UDC, défend dans La Matinale que certaines propositions du plan sur la biodiversité soient retardées, notamment celle "de consacrer 3,5% de terres ouvertes destinées actuellement à la production alimentaire pour, à l'avenir, en faire autre chose".
Le Vaudois ajoute que ces 3,5% de terres ouvertes représentent 10'000 hectares: "Si on les convertit en blé, c'est 50'000 tonnes de blé, soit l'équivalent de la consommation de pain de 1,2 million d'habitants de la Suisse durant une année".
Une autre mesure, dans le viseur du PLR cette fois-ci, est la réduction des pertes d'azote. Le Conseil fédéral veut passer de -10% à -20% de rejets d'azote dans la nature. Mais selon la conseillère aux Etats Johanna Gapany (PLR/FR), cet objectif impliquerait une diminution du cheptel en Suisse, et donc une augmentation des importations de viande.
"La biodiversité va extrêmement mal"
Ces mesures supplémentaires de protection de la biodiversité ne peuvent être reportées, selon Delphine Klopfenstein Broggini, conseillère nationale verte. La Genevoise défend que "la crise ne doit pas nous faire prendre du retard sur un sujet sur lequel nous sommes déjà en retard. La biodiversité va extrêmement mal".
Pour la députée verte, "il faut réussir à travailler main dans la main entre la protection de la nature et le soutien à l'agriculture. C'est pourquoi l'Etat doit soutenir le monde agricole dans une forme de reconversion, parce qu'on a besoin d'un milieu agricole actif".
De son côté, le Conseil fédéral estime avoir fait le nécessaire face aux conséquences directes et indirectes de la guerre sur le monde agricole. Il a, par exemple, augmenté les importations de blé panifiable. Quant à la question des coûts de production qui explosent, l'exécutif veut laisser faire le marché, avec pour probable conséquence une augmentation du prix des aliments.
Sujet radio: Marc Menichini
Adaptation web: Julien Furrer
Le Conseil fédéral dévoile sa stratégie de politique agricole
Le Conseil fédéral a arrêté jeudi sa stratégie pour une agriculture et un secteur agroalimentaire durables. D'ici 2050, soit une génération, le gouvernement veut atteindre des objectifs ambitieux: plus de la moitié des aliments seront produits en Suisse, les émissions de gaz à effet de serre auront diminué de 40% par rapport à 1990 et les pertes de fertilisants auront été réduites.
Le changement climatique, la hausse de la demande de denrées alimentaires, mais aussi les crises et les conflits armés rendent l'urgence à agir palpable. Le Conseil fédéral a donc déterminé quatre lignes stratégiques.
Premièrement, la résilience de l'approvisionnement en denrées alimentaires doit être garantie. Les bases de production, comme l'eau et le sol, doivent être pérennisées.
Deuxièmement, la production des denrées doit être plus respectueuse de l'environnement et des animaux. Les énergies renouvelables doivent être favorisées, les quantités de fertilisants réduites tout comme les risques liés aux produits phytosanitaires.
Troisièmement, la création de la valeur durable doit être renforcée en améliorant la compétitivité et en anticipant les changements de la demande. Finalement, les Suisses doivent se tourner vers une alimentation plus seine et réduire le gaspillage.