Modifié

Sepp Blatter affirme que Gianni Infantino veut le "démolir"

Sepp Blatter: "Gianni Infantino veut me démolir"
Sepp Blatter: "Gianni Infantino veut me démolir" / L'actu en vidéo / 4 min. / le 26 juin 2022
L’ancien président de la FIFA Sepp Blatter et l’ancien patron de l’UEFA Michel Platini ont accordé des interviews exclusives à la RTS en marge de leur procès. Le premier a notamment dénoncé l'attitude de Gianni Infantino, son successeur à la tête du football mondial, estimant qu'il tentait de le "démolir".

Il est un peu plus de 8h lundi 20 juin à Bellinzone lorsque Sepp Blatter arrive au Tribunal pénal fédéral accompagné de son avocat, Lorenz Enri. Interrogé par la RTS, l'ancien président de la FIFA, 86 ans, a envie de parler: "Merci de me donner l’occasion de dire un mot à la Télévision suisse romande et à mes amis de la Suisse romande où je me sens d’ailleurs toujours très bien puisque j’avais fait mes études à Lausanne", glisse-t-il.

Sepp Blatter, poursuivi avec Michel Platini pour escroquerie, éprouve un sentiment d’injustice. "Je veux laver mon honneur", confie-t-il. Il raconte avoir œuvré pendant quarante-cinq ans pour la FIFA. "Quand je suis arrivé, nous n’étions rien. Et quand je suis parti, nous étions une organisation internationale, solide sur le plan économique, social, culturel, même politique."

"Je veux être blanchi"

A l’entendre, Gianni Infantino, qui lui a succédé à la tête de la FIFA, devrait lui dire merci pour le "si bel héritage" reçu. Mais on est bien loin des remerciements. "Je ne sais pas pourquoi, mais Infantino ne veut pas de moi. Il essaie même de créer un cas artificiellement contre moi", affirme Sepp Blatter.

L’ancien président de la FIFA a déjà eu l’occasion de le dire, mais selon lui, c’est en effet bel et bien son successeur qui est à l’origine de ses déboires en justice et qui aurait manœuvré en coulisses pour le faire tomber en 2015. "Il veut me démolir moi, mais aussi tout ce que j’ai fait parce qu’il pense qu’il fait mieux", assène Sepp Blatter.

On m’a reproché des instincts criminels, on m’a reproché d’être un voleur. C’est aberrant. Je ne sais pas pourquoi je me retrouve devant un tribunal

Sepp Blatter

L’octogénaire l’assure, il a la "conscience tranquille". "Je dois dire que je suis très touché. On m’a reproché des instincts criminels, on m’a reproché d’être un voleur. C’est aberrant. Je ne sais pas pourquoi je me retrouve devant un tribunal et je suis certain que des milliers, pour ne pas dire des millions de footballeurs ne le comprennent pas non plus."

Sepp Blatter certifie qu’il ne veut pas prendre de revanche pour autant. "Je ne suis pas revanchard, mais je veux être blanchi. Il en va de mon honneur et de l’honneur du football que j’ai créé. Je ne l’ai pas créé seul, mais avec des centaines d’entraîneurs qui ont travaillé pour faire du football ce qu’il est aujourd’hui. Le football a plus de deux milliards de followers. Personne au monde n’en a autant", relève Sepp Blatter.

Michel Platini: "La FIFA a gagné"

Quelques heures après avoir pu interviewer Sepp Blatter, la RTS a pu interroger Michel Platini. L’ancien numéro 10 de la Juventus et de l’équipe de France fait lui aussi part d’un sentiment d’injustice. "Moi, je suis blindé contre l’injustice. Quand on a fait des matches de football, qu’on a perdu à cause d’une décision de l’arbitre, on est un peu blindé. Mais l’injustice fait mal beaucoup plus à ses proches, à sa famille, à ses enfants, à ses petits-enfants, parce qu’ils ne sont pas préparés à subir cela", confie l’ancien président de l’UEFA.

Moi, je suis blindé contre l’injustice (...) Mais l’injustice fait mal beaucoup plus à ses proches, à sa famille

Michel Platini

Michel Platini estime avoir deux adversaires, le Ministère public de la Confédération et la FIFA. "Ce sont deux organismes très forts. Je me bats, car je sais qu’il y a une collusion entre eux", dit-il, faisant notamment référence aux rencontres non protocolées entre l’ancien procureur général de la Confédération Michael Lauber et l’actuel président de la FIFA Gianni Infantino. "Je me bats, je suis dans la bataille, et c’est quelque chose qui m’a toujours plu. Je ne lâche rien, je ne lâcherai rien et j’irai jusqu’au bout."

>> L'interview de Michel Platini :

Michel Platini: "La FIFA a gagné"
Michel Platini: "La FIFA a gagné" / L'actu en vidéo / 3 min. / le 26 juin 2022

Verdict le 8 juillet

Platoche, comme il était surnommé sur les terrains de foot, est toutefois conscient qu’il ne pourra plus occuper de fonctions dirigeantes dans le milieu du football. "Cela fait sept ans que la FIFA m’a enlevé toute ambition que je pouvais éventuellement avoir au sein du football mondial. Un ancien communicant de la FIFA disait que même si le dossier contre moi était vide, cette histoire me tuerait professionnellement. Il avait raison. J’ai perdu. La FIFA a gagné", analyse Michel Platini.

Il ne baisse pas les bras pour autant. "Je continue de me battre pour voir ce que je pourrais éventuellement faire pour le bien du football. Car oui, je suis dans le bien du football. Contrairement à d’autres."

Poursuivis pour un versement de 2 millions de francs de Sepp Blatter à Michel Platini en 2011, les deux hommes seront fixés sur leur sort le 8 juillet. Dans son réquisitoire, le Ministère public de la Confédération a demandé un an et huit mois de prison avec sursis à leur encontre.

>> Retour sur les destins liés des deux hommes dans le 19h30 :

Document sur les destins liés de Sepp Blatter et Michel Platini, anciens seigneurs du football mondial aujourd'hui jugés pour escroquerie devant le Tribunal pénal fédéral
Document sur les destins liés de Sepp Blatter et Michel Platini, anciens seigneurs du football mondial aujourd'hui jugés pour escroquerie devant le Tribunal pénal fédéral / 19h30 / 4 min. / le 26 juin 2022

>> Lire aussi : Un an et huit mois de prison avec sursis requis contre Platini et Blatter

Fabiano Citroni/boi

Publié Modifié