"Nous avons fait beaucoup de progrès ces 20 dernières années sur la problématique de la dignité des animaux", a lancé Alain Berset devant la presse à Berne. La législation suisse est déjà l'une des plus strictes au monde en matière de protection des animaux.
Un nombre toujours plus important d'animaux de rente sont hébergés de façon particulièrement respectueuse et peuvent sortir régulièrement en plein air. La Confédération encourage d'ailleurs les formes d'exploitation agricole respectueuses de l'environnement et des animaux, a-t-il rappelé.
Normes bio
Interrogé sur l'aspect éthique de l'élevage industriel, par exemple à propos de porcs qui ne voient jamais la lumière du jour, le conseiller fédéral a préféré s'en tenir au terrain juridique. "La question de notre rapport à l'élevage se pose effectivement", a-t-il ainsi déclaré.
Le texte "Non à l'élevage intensif" veut interdire l'élevage intensif dans les 25 ans en ancrant des normes bio dans la Constitution. Berne devrait fixer des critères sur un hébergement et des soins respectueux des animaux, l'accès à l'extérieur, l'abattage et la taille maximale des groupes par étable.
L'initiative prévoit aussi d'interdire les importations d'animaux et de produits d'origine animale qui ne répondraient pas aux exigences suisses.
Viande plus chère?
Mais en cas de "oui" le 25 septembre, Berne devrait aller encore plus loin que ce que prévoient déjà les lois. Ce qui ne serait pas sans conséquences, avertit Alain Berset. Toute la chaîne de production serait concernée.
Quelque 3300 exploitations agricoles seraient contraintes de réduire leurs effectifs d'animaux ou d'augmenter leurs surfaces. L'élevage coûterait ainsi plus cher, et de nombreuses exploitations devraient procéder à des investissements importants. D'après les calculs de l'administration fédérale, ces coûts supplémentaires seraient de l'ordre de 400 millions à 1,1 milliard de francs par an.
Ce qui se répercuterait sur les consommateurs, qui n'auraient plus accès qu'à des denrées alimentaires provenant d'élevages respectant les normes bio. Il n'y aurait plus d'autre choix. Le prix des aliments d'origine animale devrait prendre l'ascenseur, même si c'est "difficile de dire maintenant dans quelle proportion. Cela dépendrait de la mise en oeuvre de l'initiative", a estimé Alain Berset.
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Contrôles
La Confédération devrait mettre en place un système de contrôle des importations très laborieux et coûteux. À titre d'exemple, plus de 40% de la viande de volaille et des oeufs viennent actuellement de l'étranger.
Une interdiction d'importation enfreindrait enfin des accords commerciaux internationaux conclus avec l'UE. De telles règles d’importation pourraient entraîner des conflits avec l'Organisation mondiale du commerce et les Etats avec lesquels la Suisse a conclu des accords de libre-échange.
Pas de contre-projet
L'initiative a été largement rejetée au Parlement, soutenue seulement par les Verts et une bonne partie des socialistes. Le Conseil fédéral souhaitait un contre-projet direct, qui prévoyait d'inscrire le bien-être animal dans la Constitution, sans reprendre l'interdiction des importations non bio.
Lancée par l'organisation antispéciste Sentience Politics, "Non à l'élevage intensif" est soutenue notamment par la présidente de la Fondation Franz Weber, Vera Weber, des organisations comme Greenpeace ou Bio Suisse, et des personnalités politiques de différents bords.
ats/hkr