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L'eau manque de plus en plus dans les cabanes de montagne

L'eau manque de plus en plus dans les cabanes de montagne. [Keystone - Arno Balzarini]
L'eau manque de plus en plus dans les cabanes de montagne / La Matinale / 1 min. / le 4 juillet 2022
La saison d’été des cabanes de montagne a à peine commencé et, déjà, la pénurie d’eau les guette. Fonte des glaciers et météo particulière en sont la cause. Des solutions existent, mais le Club Alpin Suisse n’écarte pas des fermetures de refuges à l’avenir.

Ouverte depuis le 18 juin, la cabane Konkordia, en bordure du glacier d'Aletsch, a déjà dû rationner l'eau pour ses hôtes, aux lavoirs et aux toilettes. Au-dessus d'Adelboden (BE), la Blüemlisalphütte, qui vient aussi de commencer sa saison estivale, doit puiser dans la source qu'elle utilise normalement fin juillet seulement.

La pénurie d'eau guette les cabanes suisses avec un mois et demi d'avance. Des conditions météorologiques particulières l'expliquent, avec un faible enneigement durant l'hiver dernier et la fonte précoce au mois de mai. Avec le recul des glaciers, les gardiens et les gardiennes sont contraints d'aller chercher l'eau toujours plus loin.

A la cabane de Moiry, perchée à 2825m dans le val d'Anniviers, en Valais, une ancienne conduite a ainsi été remise en fonction mi-juin. Elle relie la cabane à un point plus élevé du glacier. Longue de 800 mètres, la conduite traverse un terrain accidenté, soumis aux chutes de pierres et aux avalanches et ne constitue donc qu'une solution imparfaite.

>> Voir ausi le sujet du 19h30 :

Le faible enneigement de cet hiver et le printemps chaud ont accéléré la pénurie d'eau dans les cabanes de montagne.
Le faible enneigement de cet hiver et le printemps chaud ont accéléré la pénurie d'eau dans les cabanes de montagne. / 19h30 / 2 min. / le 6 juillet 2022

S'adapter au recul des glaciers

"On se rend compte que notre cabane consomme beaucoup trop d'eau et d'énergie en général", concède Frédéric Gosteli du Club Alpin de Montreux, propriétaire de la cabane de Moiry. Facilement accessible, elle est très fréquentée à la journée par des visiteurs qui profitent de sa cuisine professionnelle et utilisent les toilettes.

La section de Montreux veut donc repenser la façon dont elle exploite sa cabane et planche depuis quelques mois sur un projet pour faire d'importantes économies d'eau et d'énergie. Les toilettes à chasse d'eau devraient être remplacées par des toilettes sèches, deux fois moins gourmandes en eau. Aussi, l'offre de restauration devrait être redimensionnée.

Des fermetures, s'il le faut

Toilettes sèches, réservoirs plus grands, le Club Alpin Suisse encourage et accompagne les cabanes dans leur adaptation, car la problématique va s'intensifier avec la fonte des glaciers, selon Ulrich Delang. Le chef du secteur cabanes n'écarte pas des fermetures à l'avenir. "Heureusement, pour l'instant on n'a pas de scénario de ce type", rassure-t-il, "mais c'est clair que sans eau, il n'y a pas de vie, en haute montagne non plus."

Pour le Club Alpin Suisse, il n'est pas envisageable, à long terme, de monter de l'eau en hélicoptère dans un refuge pour permettre son exploitation. Ulrich Delang est catégorique: "Il faut plutôt voir si ce n'est pas opportun de le fermer."

Les visiteurs, eux, sont invités à économiser l'eau en haute altitude, en se limitant par exemple à une toilette rapide, et à faire preuve d'indulgence avec les gardiens et les gardiennes qui devraient couper l'eau courante dans les sanitaires ou la limiter à une demi-tasse seulement pour se laver les dents.

Julie Rausis

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