Depuis cinq semaines, la famille de Jessica Ribeiro, établie dans la commune de Corsier-sur-Vevey, vit un enfer. "Le premier paquet que j'ai reçu, c'était une trottinette électrique de plus de 700 francs. Puis des survêtements Lacoste, des baskets, des ceintures, du matériel pour du cannabis... A chaque fois pour plusieurs centaines de francs", raconte-t-elle dimanche dans le 19h30.
Le montant de ces marchandises que la jeune femme n'a jamais commandées s'élève à près de 4000 francs. Jessica Ribeiro a intercepté certains colis avec une facture à son nom. Elle estime que les facturations sans vérification d'identité ne devraient pas être autorisées. "Aujourd'hui, cela me poursuit encore", se désole-t-elle.
Un mode de paiement qui permet l'arnaque
En Suisse romande, la pratique est courante et les victimes se comptent par centaines. Selon une enquête de la RTS, un millier de plaintes ont été déposées dans la région l'an dernier.
"Bien souvent, ce sont des gens qui habitent le quartier d'à côté, voire le même quartier", indique Sylvain Guillaume-Gentil, porte-parole de la Police cantonale genevoise. "Ça peut tout à fait être des voisins."
Cette faille est possible grâce à la spécialité helvétique de la commande sur facture, très appréciée en Suisse. Près d'un tiers des commandes se font sur facture chez Digitec Galaxus. Chez Brack.ch, plus de la moitié des colis sont payés par facture. Ce mode de paiement est également le plus utilisé parmi les Suisses chez Zalando.
Les plateformes en partie responsables
Pour Jessica Ribeiro, les plateformes qui lui ont livré des produits qu'elle n'a pas commandé sont complices. "Elles ont de la peine à répondre aux sollicitations quand il y a des fraudes. Pour moi, elles ne luttent pas contre cette pratique", affirme-t-elle.
"Et elles profitent certainement un peu du système pour se faire de l'argent. Elles s'en fichent des gens comme moi qui dépensent du temps pour ça", ajoute-t-elle.
Certaines entreprises ont expliqué à la RTS lutter contre ce fléau, notamment avec des algorithmes capables de détecter les commandes frauduleuses.
La victime de l'arnaque n'aura finalement rien à payer. Mais elle devra néanmoins gérer un casse-tête administratif pour porter plainte, contacter les entreprises et renvoyer les colis non désirés.
Théo Jeannet/iar