Alors que cette conférence est vue par certains comme trop précoce et surtout pas assez ambitieuse, Damien Cottier croit fermement en son potentiel. Pour celui qui est également chef du groupe PLR aux Chambres fédérales, elle peut permettre de mettre en place une structure solide pour l'avenir.
"Cette conférence sera utile si elle permet de poser des méthodes de travail pour reconstruire le pays. Il y aura un certain nombre de ministres ukrainiens et de représentants d'autres gouvernements qui permettront de poser ces bases, et ce sera quelque chose de très utile que la Suisse aura fait", explique le Neuchâtelois dans La Matinale.
Quant à l'absence de la plupart des chefs d'Etat, Emmanuel Macron et Olaf Scholz en tête, Damien Cottier l'estime normale et refuse de voir une conférence au rabais. "La présence des chefs d'Etat vient souvent un peu plus tard, quand les choses sont déjà posées (...) au fond, c'est très suisse, c'est modeste et pragmatique, mais ça permet de faire avance les choses", continue-t-il.
La lutte contre la corruption
Alors que l'Ukraine aurait selon des premières estimations besoin de 500 à 600 milliards d'euros pour sa reconstruction et que la guerre est encore en cours, les défis semblent aussi multiples qu'immenses.
Pour Damien Cottier, impossible de ne pas aborder les questions qui fâchent. Il rappelle qu'il existe en Ukraine de vrais problèmes de gouvernance et de lutte contre la corruption. Dans ces conditions, il estime qu'il sera primordial de créer des mécanismes "qui permettent d'assurer la transparence" la plus totale.
"Créer un miracle économique ukrainien"
Le conseiller national qui revient tout juste d'Ukraine, où il a pu notamment visiter Kiev, Irpin ou encore Boutcha, juge par ailleurs qu'il est tout à fait erroné de dire qu'il est trop tôt pour penser à la reconstruction.
"En Ukraine, ils vous disent ce qui est arrivé, mais ensuite ils disent qu'ils ont besoin de vivre, alors que des logements, des écoles, des jardins d'enfants et des hôpitaux sont détruits", explique l'élu, avant d'ajouter: "On est en train de reconstruire en permanence des lignes électriques. Si ce travail n'avait pas été fait tout de suite, l'ensemble de la population ukrainienne n'aurait pas accès à l'électricité".
Questionné enfin sur l'aide qu'il faudra apporter l'Ukraine, Damien Cottier estime que ce ne sont pas "des dons" qu'il faut susciter, mais des "investissements".
"L'Ukraine est un pays économiquement intéressant, qui a beaucoup de ressources et 40 millions d'habitants: ce qu'il faut faire, c'est un peu un plan Marshall, comme après la Deuxième Guerre mondiale, à savoir intéresser les investisseurs privés avec un appui des Etats et des banques de développement (...). Il s'agit véritablement de mettre en place un modèle économique qui permette d'investir dans l'avenir de ce pays et de créer un miracle économique ukrainien", conclut-il.
Propos recueillis par Valérie Hauert/ther