La variole du singe, un "hasard" malchanceux qui ne doit pas stigmatiser la communauté gay
La variole du singe (ou "orthopoxvirose simienne") continue sa progression dans les pays où cette maladie n'est pas endémique, notamment en Europe et en Amérique du nord (lire encadré ci-dessous).
La majorité des cas concerne surtout les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) - au point que l'Aide Suisse contre le Sida a lancé fin mai sur mandat de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) une campagne s’adressant explicitement à ces personnes - et plusieurs associations, ainsi que ONUSIDA, craignent une stigmatisation de cette communauté, rappelant celle dont ont souffert les homosexuels au moment de l'émergence du Sida au début des années 1980. Un amalgame d'autant plus incompréhensible que la maladie, contrairement au VIH-sida, reste le plus souvent bénigne et guérit spontanément après deux ou trois semaines.
Stigmatisation aux effets néfastes
Dans sa campagne de sensibilisation à la variole du singe, l'Aide Suisse contre le Sida attire l'attention sur cette possible stigmatisation. L'association faîtière des organisations régionales de lutte contre le Sida insiste notamment sur le fait que ce n'est pas une maladie homosexuelle comme elle a parfois pu être étiquetée sur les réseaux sociaux.
"D’un point de vue médical, il n’y a aucune raison pour que la variole du singe se transmette principalement lors de rapports sexuels entre deux hommes. Il est plus probable que le virus ait été porté et transmis par hasard dans des contextes de rapports sexuels entre hommes", explique Angelo Barrile, médecin de famille et membre du comité directeur de Pink Cross, l'association faîtière des organisations gays en Suisse.
Tout le monde est concerné
Bien que la transmission de la variole du singe se produise principalement par le contact direct d'une peau contaminée contre une autre, elle peut également se faire via le partage de linge (vêtement, draps, serviettes...).
Angelo Barrile appelle donc à la prudence pour ne pas répéter les erreurs du passé. "Depuis l’avènement du coronavirus, tout le monde sait que les personnes touchées ne sont pas 'coupables' et que les maladies infectieuses peuvent toucher n’importe qui", ajoute-t-il. "Si les personnes éventuellement infectées ne consultent pas de personnel médical spécialisé par peur de la stigmatisation, la variole du singe peut se propager beaucoup plus facilement. Cela est à éviter."
D'ailleurs, d'autres groupes vulnérables sont aussi à risque, souligne une porte-parole de l'OFSP. "Il y a eu quelques cas chez les enfants et chez des personnes qui ont un système immunitaire compromis."
Fabien Grenon
121 cas de variole du singe confirmés en Suisse
Plus de 5300 cas confirmés en laboratoire de variole du singe, pour un seul décès, ont été recensés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis la multiplication de cas observés en dehors de l'Afrique où le virus est connu. Un chiffre en augmentation de plus de 50% par rapport au bilan du 22 juin a annoncé mardi une porte-parole de l'organisation.
La Suisse voit elle aussi son total de cas confirmés en laboratoire augmenter. Mardi l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) a annoncé six nouvelles infections sur le territoire national. Au total, la Suisse compte 121 cas confirmés en laboratoire depuis le 21 mai 2022.
Zurich renonce à isoler les personnes atteintes
Les autorités zurichoises renoncent à la mesure sanitaire consistant à isoler les personnes atteintes de variole du singe. C'est la Neue Zürcher Zeitung (NZZ) qui le révélait ce mardi. Alors que l'Office fédéral de la santé publique recommande fortement cette pratique dans le cas d'un test positif - une recommandation appliquée par la plupart des cantons -, Zurich décide de prendre un chemin à part.
Le canton donne deux raisons pour justifier sa décision. D'une part, les cas détectés jusqu'à présent sont relativement bénins et la transmission de la maladie n'a lieu qu'en cas de contact étroit. Dans ces conditions, une isolation obligatoire ne serait pas proportionnelle. Et d'autre part, Zurich veut éviter que les malades renoncent à se faire tester, par crainte de la mise à l'isolement.