A Fully (VS), les habitants ont pris l'habitude d'entendre un drone vrombir. Depuis le mois d’avril, cet engin survole les vignes et, en six heures, il pulvérise des produits phytopharmaceutiques sur une parcelle entière.
"On n'a pas de risque d’erreur, on n'oublie pas une ligne et surtout on n'est pas exposé. Le pilote se tient à distance, il n’est pas en contact avec le produit", explique jeudi dans le 19h30 Sébastien Micheloud, directeur de DigitalRoots, une entreprise spécialisée dans l'épandage phytosanitaire par robot de traitement.
"Au centimètre près"
La technologie s'avère efficace et de grande précision grâce à des lignes de vol, programmées dans le drone, qui ciblent l’épandage et protègent les alentours.
"Avec ce type de traitement, on est vraiment au centimètre près, on ne va pas traiter les cours d’eau, il n’y a pas de dérive", se félicite l'oenologue Gaétan Bender.
La pratique est très encadrée. L’Office fédéral de l'agriculture impose aux utilisateurs une distance de sécurité: de 60 mètres avec les écoles, les habitations et les bâtiments publics, de 30 mètres avec les réserves naturelles et cultures biologiques et de 10 mètres avec les routes nationales et cantonales.
Agriculteurs dans l'impasse
A Orges (VD), l'agriculteur Nicolas Pavillard mise de son côté sur un robot pour réduire son empreinte écologique.
"On a réussi à réduire de 60% l’utilisation de produits ces dix dernières années, mais on s'est rendu compte qu’on arrivait dans une impasse. Si on voulait aller plus loin, on risquait de mettre en péril la quantité et la qualité des récoltes", indique-t-il.
L’an dernier, il a donc fait appel à un ingénieur pour concevoir une machine adaptée à sa production. "Grâce à l’intelligence artificielle embarquée, le système va être capable de comprendre et de reconnaître chaque plante séparément, que ce soit de la bonne culture ou des mauvaises herbes", relève Claude Juriens, directeur commercial chez Ecorobotix.
Une solution onéreuse et pragmatique
Le robot passe à la loupe l’ensemble de sa parcelle, mais il n’asperge que les mauvaises herbes grâce à 156 buses, espacées de 4 centimètres. Son pulvérisateur d'ultra haute précision permettrait de diminuer les quantités de produits chimiques de 50 à 90%.
Le montant de l’investissement se situe entre 130'000 et 160'000 francs. Une solution onéreuse et pragmatique. En Suisse, seules 17% des terres agricoles sont exploitées de manière biologique.
Charlotte Onfroy-Barrier/gma