Dans son jugement, le tribunal a accordé à Sepp Blatter une indemnité de 20'000 francs pour tort moral. De son côté, Michel Platini a renoncé à une telle somme. Il aura néanmoins à nouveau accès aux quelques deux millions de francs qui avaient été gelés par le Ministère public de la Confédération (MPC).
Dans son plaidoyer, ce dernier avait requis des peines de prison avec sursis de 20 mois contre les deux prévenus.
"Justice rendue" pour Michel Platini
Michel Platini a exprimé son soulagement quelques minutes après son acquittement. L'ancien président de l'UEFA s'est notamment dit heureux que "justice ait été rendue après sept années de mensonges et de manipulations".
Présent à Bellinzone lors de la lecture du jugement, Michel Platini a tenu, dans un communiqué, à remercier les juges du tribunal "pour l'indépendance de leur décision".
Dans cette affaire, il y a des coupables qui n'ont pas comparu. Qu'ils comptent sur moi, nous nous retrouverons.
Un point de vue partagé par son avocat Dominic Nellen qui ajoute que "le tribunal a correctement évalué les preuves et a enfin mis fin à cette procédure pénale innommable".
Décrivant sa lutte comme un "combat contre l'injustice", l'ancien numéro 10 de l'équipe de France n'entend pas s'arrêter là. "Dans cette affaire, il y a des coupables qui n'ont pas comparu au cours de ce procès. Qu'ils comptent sur moi, nous nous retrouverons", a-t-il affirmé.
"Procédure ouverte à juste titre"
La procédure contre Sepp Blatter, puis contre Michel Platini, a été ouverte à juste titre, a estimé le Tribunal pénal fédéral. La cour a toutefois statué en faveur des accusés en vertu du principe du doute.
En raison de sa notoriété et des honoraires habituels dans le football, Michel Platini aurait tout à fait pu demander un million de francs par an à l'époque, a relevé la juge qui a présidé le tribunal vendredi à l'heure du verdict. Il est peu probable qu'il n'y ait eu comme accord que le contrat écrit de 1999 pour une somme de 300'000 francs.
Dans ce cas, cela aurait signifié que Michel Platini aurait travaillé pour Sepp Blatter la première année sans accord sur sa rémunération. Il est effectivement concevable que le contrat écrit ait dû être rédigé pour que le salaire puisse être versé par la FIFA. Ce contrat écrit n'était toutefois pas définitif, car la FIFA était à l'époque à court de liquidités et ne pouvait pas verser plus d'argent, a argumenté la juge.
Le tribunal estime en outre qu'il est compréhensible que Michel Platini ait exigé l'argent encore dû après avoir entendu parler des indemnités de départ élevées versées à d'autres fonctionnaires de l'organisation. Le Français s'est toutefois trompé sur le montant, car il pensait qu'on lui avait déjà versé quatre fois 500'000 francs.
Facture salée pour la Confédération
La procédure contre Sepp Blatter et Michel Platini coûtera cher à la Confédération. Berne devra débourser au total environ 400'000 francs, dont 130'000 pour les seuls frais de justice.
Ceux-ci sont à la charge de la Confédération en raison de l'acquittement des accusés, précise le dispositif du Tribunal pénal fédéral. L'ancien président de la FIFA Sepp Blatter recevra 80'000 francs pour ses frais d'avocat et celui de l'UEFA, Michel Platini, 140'000 francs.
agences/ther/jfe
Deux semaines de procès pour fausse facture
Pendant deux semaines, Michel Platini, 67 ans et Sepp Blatter, 86 ans, avaient comparu, pour l'accusation d'avoir "obtenu illégalement, au détriment de la FIFA, un paiement de 2 millions de francs suisses" "en faveur de Michel Platini".
Défense et accusation s'accordaient sur un point: le triple Ballon d'or a bien conseillé Sepp Blatter entre 1998 et 2002, lors du premier mandat de ce dernier à la tête de la FIFA, et les deux hommes ont signé en 1999 un contrat convenant d'une rémunération annuelle de 300'000 francs intégralement payée par la FIFA.
>> Relire aussi : Sepp Blatter affirme que Gianni Infantino veut le "démolir"
Accusation de fausse facture
Mais en janvier 2011, l'ancien milieu de terrain - devenu dans l'intervalle président de l'UEFA (2007-2015) - "a fait valoir une créance de 2 millions de francs suisses", qualifiée de "fausse facture" par l'accusation.
Les deux hommes martèlent de leur côté qu'ils avaient dès l'origine décidé d'un salaire annuel d'un million de francs suisses, par un "accord de gentlemen" oral et sans témoins, sans que les finances de la FIFA n'en permettent le versement immédiat à Michel Platini.