Le prix de rachat de l'énergie solaire n'est pas assez attractif pour les propriétaires
Aujourd'hui, un propriétaire ou une commune qui décide d'opter pour l'énergie solaire n'a aucun avantage à couvrir l'entier de sa toiture de panneaux photovoltaïques. Car dans la plupart des cantons, l'électricité produite en trop ne pourra pas être revendue à un prix suffisamment intéressant.
Or, le solaire est en plein boom actuellement. Les Suisses n'ont en effet jamais demandé autant de subventions fédérales pour s'équiper en panneaux photovoltaiques. Le nombre de demandes s'élève à 9500 pour les quatre premiers mois de cette année.
Potentiel énorme
A l'heure où la Suisse doit faire face à une possible pénurie d'électricité, des élus souhaitent une hausses des tarifs. Ils estiment que le potentiel est énorme au vu des milliers de mètres carrés de toitures qui sont perdus.
Dans la commune vaudoise de Daillens par exemple, où les autorités ont décidé d'équiper tous les bâtiments communaux de panneaux photovoltaïques, ce paradoxe est particulièrement flagrant. Sur le toit du stand de tir du village, seuls 30 mètres carrés de toiture seront prochainement équipés de panneaux solaires alors que plus de 100 mètres carrés seraient à disposition. De quoi alimenter le frigo, la lumière, les cibles électroniques et produire un peu de courant supplémentaire.
Poser une installation plus grande ne serait tout simplement pas rentable pour la commune, comme l'explique dans La Matinale le syndic vert Alberto Mocchi. "Actuellement, la Romande Energie rachète le courant qui est réinjecté dans le réseau à seulement 9,5 centimes", détaille-t-il. Avant d'ajouter: "Je vais intervenir à la rentrée pour que le canton, qui est actionnaire majoritaire de la Romande Energie avec les communes vaudoises, interpelle le conseil d'administration afin d'augmenter le prix de rachat du courant photovoltaïque."
Cette pratique se fait dans d'autres cantons suisses, comme le souligne l'ancien président des Verts vaudois. "Les Services industriels genevois rachètent par exemple le courant qui est réinjecté dans le réseau à 14 centimes." Pour lui, si on veut augmenter de manière exponentielle le nombre de panneaux solaires sur les toits, il faut donc que ce courant soit racheté à un prix un peu plus avantageux.
>> Consulter la carte interactive des rétributions de reprise pour l'électricité issue de panneaux solaires en Suisse. Cliquer ICI pour voir les détails région par région:
Un prix plancher?
Actuellement, si la loi fédérale sur l'énergie contraint les gestionnaires de réseau à rétribuer le courant produit, les électriciens ont une marge de manoeuvre pour fixer les tarifs. Il n'existe pas de prix plancher par exemple. Sans compter qu'il y a un équilibre à trouver entre les différents types de clients, comme l'estiment plusieurs gestionnaires de réseaux. Il ne serait en effet pas juste d'augmenter massivement le prix de reprise du courant fourni par des propriétaires qui ont posé des panneaux solaires pour ensuite le répercuter sur les locataires par exemple.
Si dans le canton de Vaud, des élus veulent faire bouger les choses, ailleurs en Suisse il existe une forme de consensus politique sur ce sujet. Des élus verts mais aussi UDC considèrent toutefois qu'il y a lieu d'intervenir au niveau fédéral, alors que justement la loi fédérale sur l'énergie est en révision au Conseil d'Etats. Une des options sur la table serait l'introduction d'un tarif plancher pour contraindre les entreprises d'électricité à racheter plus cher le courant fourni par les propriétaires de panneaux solaires.
Mais pas sûr qu'il faille forcément attendre un changement législatif. Vu l'envolée des prix sur le marché de l'électricité, la Romande Energie a en effet déjà promis qu'elle allait revoir à la hausse son tarif de reprise pour l'année prochaine. La grille tarifaire de tous les gestionnaires de réseaux sera connue au 31 août prochain.
Céline Fontannaz/fgn
Les milieux de la construction divisés par l'appel à remplacer les chauffages aux énergies fossiles
Il y a quelques jours, Simonetta Sommaruga a lancé un appel pour réduire le plus rapidement possible notre dépendance au gaz. "Quiconque peut encore remplacer son chauffage au gaz devrait le faire", a-t-elle conseillé. L'objectif est de limiter le risque d'une pénurie cet hiver.
Mais cette proposition lancée par la conseillère fédérale en charge de l'environnement et de l'énergie fait débat entre les spécialistes de la construction. Certains experts appellent à mieux coordonner les mesures d'économie d'énergie de sa maison.