Après Peter Lauener, ancien chef de la communication d’Alain Berset, Markus Seiler est le deuxième proche d'un conseiller fédéral pris dans l'affaire Crypto. Selon l'enquête du Tages-Anzeiger, une procédure pénale pour violation présumée du secret de fonction a été ouverte contre l'actuel numéro deux d'Ignazio Cassis.
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Markus Seiler est soupçonné d'avoir participé à la publication d'un rapport confidentiel de l'enquête parlementaire sur l'affaire Crypto. Selon le journal alémanique, le haut fonctionnaire n'a pas été arrêté, mais il a été prié de transmettre sa communication électronique, ce qu'il aurait fait. Markus Seiler aurait également été interrogé en tant qu'inculpé. Il aurait rejeté toutes les accusations portées contre lui, invoquant un malentendu.
Un autre collaborateur sous enquête
Outre Markus Seiler, un deuxième collaborateur du DFAE est sous le coup d'une enquête pour violation de secret de fonction. Contacté par le Tages-Anzeiges, le département d'Ignazio Cassis confirme que deux de ses collaborateurs sont sous enquête, sans toutefois préciser leur identité. Le DFAE rappelle aussi que ces deux personnes sont présumées innocentes.
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Markus Seiler est l'un des poids lourds de la Berne fédérale, puisqu'il a travaillé pour plusieurs conseillers fédéraux. Il a d'abord été le collaborateur personnel de Kaspar Villiger, avant de devenir le secrétaire général du Département de la défense sous Samuel Schmid et Ueli Maurer.
Ce dernier l'a ensuite nommé directeur du Service de renseignement de la Confédération (SRC), poste qui lui a justement valu d'être auditionné dans le cadre de l'enquête parlementaire sur l'affaire Crypto. Après sept années à la tête des services secrets, Markus Seiler change une nouvelle fois de poste pour occuper sa place actuelle au Département des affaires étrangères.
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Un procureur extraordinaire
Nommé en début d'année, le procureur extraordinaire Peter Marti mène une enquête sur la divulgation d'informations confidentielles dans les médias au sujet de l'affaire Crypto. Les fuites concernent un rapport établi par les commissions de gestion de l'Assemblée fédérale. Ce sont ces commissions qui ont porté plainte pour violation du secret de fonction.
L'affaire Crypto a été révélée en février 2020. La CIA et les services de renseignement allemands (BND) auraient intercepté, durant des dizaines d'années, des milliers de documents via les appareils de chiffrement de l'entreprise zougoise Crypto AG. Grâce à des appareils truqués, la CIA et le BND ont écouté les conversations de plus de 100 Etats étrangers.
Une enquête parlementaire a montré que le renseignement suisse savait depuis 1993 que des services de renseignement étrangers se cachaient derrière Crypto. Il a collaboré avec eux pour collecter des informations sur l'étranger. Problème: les chefs successifs du Département de la défense n'ont pas été informés. Le rapport pointait des lacunes dans la gestion et la surveillance du renseignement et concluait à une coresponsabilité.