Les deux trentenaires n'ont pas pris part à l'assaut lui-même, ni séquestré la fille d'un des convoyeurs pour l'obliger à s'arrêter sur un parking de Chavornay. Mais selon les juges, ils ont bel et bien joué "un rôle indispensable et décisif" dans l'organisation du hold-up, durant lequel 25 millions de francs avaient été dérobés.
>> Lire à ce sujet : Un convoyeur livre son fourgon rempli de millions aux kidnappeurs de sa fille
La Cour a relevé qu'ils avaient participé, dès le début, à l'organisation du braquage, d'abord lors d'une tentative ratée à Daillens en 2017, puis une année plus tard à Chavornay. Ils se sont notamment impliqués en organisant plusieurs réunions et repérages. L'un des deux a aussi enrôlé les auteurs de l'attaque, issus de la pègre lyonnaise.
Culpabilité "très lourde"
Contrairement à ce qu'ont affirmé les deux prévenus, leur implication n'a pas été celle "d'un simple assistant ou d'un complice", mais d'un véritable "coauteur" du casse, ont estimé les juges.
Ceux-ci n'ont pas cru la version des prévenus, qui avaient juré qu'ils n'étaient plus dans le coup lorsque l'attaque avait été planifiée et perpétrée à Chavornay. "Il n'y a jamais eu de désistement du projet", les prévenus ont tenu leur rôle "jusqu'au bout".
La culpabilité des deux prévenus est "très lourde", a poursuivi le président du Tribunal Donovan Tesaury, dénonçant au passage "l'absence de scrupules" ou encore "les motifs égoïstes et crapuleux" des deux hommes.
Coupable de nombreuses autres infractions, dont une affaire de home-jacking à Genève, l'un des prévenus a été condamné à 11 ans de prison. Le second, qui n'était jugé que pour la tentative de Daillens et le braquage de Chavornay, a écopé de 7 ans de détention.
La procureure Claudia Correia, qui avait requis 8 et 14 ans de prison, a dit "saluer" ce verdict. Elle s'est notamment réjouie que la Cour ait retenu la "coaction" des prévenus. "Pour les peines, on est dans la tranche" qu'elle avait réclamée, a-t-elle ajouté.
>> Lire aussi : Le procès des deux Genevois du braquage de Chavornay (VD) a débuté
Jugement "excessif"
Du côté de la défense, en revanche, Robert Assaël a dénoncé "une violation crasse de la présomption d'innocence" et un jugement "excessif", relevant davantage de "la loi du talion". Selon l'avocat, les juges ont voulu faire "un exemple" de cette affaire.
Il a aussi critiqué la créance compensatrice de 25 millions de francs (le butin dérobé à Chavornay) qui a été signifiée aux deux Genevois, et qu'ils doivent théoriquement rembourser à la société de transport de fonds. Cette créance, qualifiée "d'extraterrestre", rend impossible toute réinsertion, a-t-il souligné.
Sa consoeur Laurence Piquerez a aussi critiqué "un jugement extrêmement sévère". Elle a regretté que les juges n'aient pas tenu compte des aveux de son client, qui ont permis d'arrêter des membres de la bande. Pour avoir donné des noms, il risque d'être tué lorsqu'il sortira de prison, a-t-elle relevé. Les deux avocats ont d'ores et déjà annoncé qu'ils feront appel de ce jugement.
ats/aps
Attaques enrayées
Une quinzaine de suspects ont été arrêtés en lien avec l'attaque de Chavornay, tous en France, hormis les deux Genevois condamnés vendredi à Renens. Les prévenus français n'ont pas encore été jugés. Parmi eux figure le chauffeur du fourgon le soir de l'attaque, accusé d'avoir été de mèche avec les braqueurs et même d'avoir eu l'idée de ce braquage.
Le casse de Chavornay fait partie d'une série de raids spectaculaires perpétrés sur des convoyeurs en terre vaudoise entre 2017 et 2019, au Mont-sur-Lausanne, Daillens, La Sarraz et Nyon. Des braquages qui ont cessé depuis que le Conseil d'Etat vaudois a durci les règles pour le transport de fonds.
Jusqu'ici, une seule condamnation avait été prononcée en Suisse: un homme de main lors d'une des attaques du Mont-sur-Lausanne avait écopé de 11 ans de prison en mars dernier.