Viola Amherd se retrouve soudainement en pleine turbulences à cause de l’achat du nouvel avion de combat américain F-35.
Non seulement la ministre de la Défense assure que les contreparties politiques avec la France ont été faites dans son dos, mais elle n'a pas clairement communiqué le coût d'achat du F-35.
Manque de clarté?
Tout d'abord, en mars 2021, les conseillers fédéraux Guy Parmelin et Ueli Maurer ont reçu le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire. Ils ont négocié des contreparties politiques au cas où la Suisse achèterait l’avion français Rafale. Toutefois, jusqu'à récemment, Viola Amherd a publiquement nié avoir ordonné ces négociations, alors qu'elle l'avait bien fait, selon une enquête de la radio SRF.
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"Je crois qu’en l'occurrence, Madame Amherd, dans tout ce dossier, ne savait pas bien où elle allait. Elle était influencée par beaucoup de personnes", estime Pierre-Alain Fridez, conseiller national socialiste jurassien, dimanche dans le 19h30.
Le conseiller national vert'libéral vaudois François Pointet est plus nuancé avec la ministre de la Défense: "Je la trouve très courageuse par les réformes qu’elle essaie d’entreprendre avec la volonté d’avoir plus de femmes dans l’armée. Mais maintenant, si c’est entaché de scandales, de problèmes de gestion. Là, c'est clair, ça va devenir compliqué."
Confusion sur le prix des jets
Du côté du coût des F-35, la conseillère fédérale a toujours affirmé que le prix de ces jets était fixe. Cependant, le Contrôle fédéral des finances a déclaré le contraire la semaine passée.
Pour le conseiller aux Etats PLR Olivier Français, Viola Amherd doit mieux communiquer sur l'achat des F-35. "Il faut qu’elle affronte cela maintenant avec transparence, avec une communication accrue, en particulier en Suisse romande, pour donner toutes les informations que le peuple a le droit de connaître", juge l'élu vaudois.
Contactée, la conseillère fédérale n’a pour l’instant pas souhaité s’exprimer sur ce dossier. Pour beaucoup de parlementaires, la Valaisanne a trop tergiversé dans ce dossier et doit maintenant s'expliquer.
Un Conseil fédéral mis à mal
Concernant l'achat des F-35, le Conseil national doit encore se prononcer lors de la session de septembre. Bien que, en l'état, l'achat semble acquis, des soupçons ou de nouveaux scandales pourraient changer la donne. La Chambre basse pourrait techniquement et théoriquement enterrer le F35 et le Conseil fédéral devrait alors choisir un autre avion.
Le Conseil fédéral est depuis quelques jours dans la tourmente avec les polémiques autour d'Alain Berset, des problèmes de violation du secret de fonction et des fuites dans la presse. Le gouvernement donne ainsi l'impression d'un manque de collégialité et, dans ce contexte, les élections fédérales de l'an prochain pourraient bien faire valser les sièges de quelques conseillers et conseillères.
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Sujet TV: Julien Guillaume
Adaptation web: Andreia Portinha Saraiva