Depuis 1992, la loi sur les eaux permet aux nouvelles centrales hydroélectriques d’exploiter 90% de l’eau qui s’écoule afin de produire de l'électricité. Les 10% restants doivent être réservés aux rivières.
Les centrales plus anciennes sont quant à elles soumises à des exigences moins sévères. Ces prochaines années, plusieurs concessions seront renouvelées. Les installations devront alors se conformer aux normes plus strictes pour les débits résiduels. Il y aura par conséquent moins d’eau à disposition pour produire de l’électricité.
Inquiétudes des milieux écologiques
En raison de la pénurie d’énergie qui menace, les représentants des cantons alpins au Parlement fédéral veulent donc revoir la loi fédérale, car celle-ci avantagerait trop la nature. Les pêcheurs, les associations de défense de l'environnement et les partis écologistes s'indignent.
Interrogé sur les berges de l’Aubonne, dans le canton de Vaud, Roger Zbinden, le président de la Société vaudoise des pêcheurs en rivière, fait part de ses inquiétudes dans La Matinale: "La rivière est vivante, il faut un certain débit", explique-t-il.
Le barrage de l'Aubonne laisse filer 360 litres d'eau par seconde dans la rivière, ces flots étant tout de même "turbinés" sur place par une petite centrale. Le reste est canalisé pour être traité par deux centrales successives. Les installations sont par ailleurs dotées d’une échelle à poissons.
Choix délicats
Laurent Balsiger, le directeur de la Société électrique des forces de l'Aubonne, ne remet pas en cause le principe du débit résiduel pour le cours d'eau. Il admet par contre que les arbitrages seront plus difficiles à l’avenir: "Chacun a envie de défendre au mieux ses positions. Le secteur de l’énergie veut produire plus d’énergie. Et c’est légitime, on va vers de probables pénuries prochainement. Et de l’autre côté, les pêcheurs veulent bien sûr les conditions les plus favorables", détaille-t-il. Une situation qui doit pousser à trouver de "justes compromis", conclut-il.
Il n'est donc pas sûr que l’accord qu’il appelle de ses vœux voie le jour. La Société suisse de pêche songe en effet à lancer un référendum si la loi sur les eaux était modifiée en défaveur de la nature et des rivières.
Important pour l'économie
Pour le conseiller national PLR Jacques Bourgeois, il faut sauter le pas en vue de préserver l'économie. "Il faut bien sûr tenir compte des aspects environnementaux, mais il faut faire une pesée d'intérêts. Cette mesure peut être momentanée pour faire face à la pénurie d'électricité l'hiver prochain et ensuite on peut retrouver les normes que nous connaissons actuellement."
L'élu fribourgeois note que si des coupures de courant devaient intervenir, notamment au niveau des entreprises, cela toucherait directement l'économie et la prospérité de la Suisse.
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Céline Fontannaz/ami