Modifié

Contre les bouffées de chaleur, les villes en quête de fraîcheur

La ville de Fribourg teste un pavillon climatique pour lutter contre les îlots de chaleur urbains
La ville de Fribourg teste un pavillon climatique pour lutter contre les îlots de chaleur urbains / 19h30 / 2 min. / le 22 juillet 2022
L’environnement dense, minéral et peu végétalisé des villes en font une fournaise lors des passages caniculaires. Mais les programmes pour limiter les effets des fortes chaleurs ne manquent pas. Exemples à Fribourg, Genève et Barcelone.

La Haute école d'ingénierie et d'architecture de Fribourg (HEIA) a conçu un pavillon ombragé, un véritable oasis de fraîcheur. Cette tonnelle en bois contient toute une panoplie pour garder une atmosphère agréable: toiture végétalisée, brumisateurs ou encore bancs rafraîchissants. Mais aussi des récipients en céramique poreuse, remplis d’eau qui se diffuse à travers les parois et s’évapore, faisant chuter la température.

"Le pavillon essaie de montrer qu’on peut tirer parti de phénomènes naturels pour essayer de limiter les effets de la canicule", explique Raphaël Compagnon, professeur en architecture à la HEIA. "Et ce n’est absolument pas de la grosse technologie de les mettre en œuvre", assure-t-il.

Pour la deuxième année consécutive, la Ville de Fribourg a installé ce refuge contre la chaleur en différents emplacements. Des élus locaux sont séduits. Raphaël Casazza, conseiller général PLR et ingénieur en environnement, est convaincu par la démarche qui permet d’inspirer les nouveaux aménagements de quartiers.

Automobile repoussée

Les effets de la chaleur ne se font pas ressentir de la même manière partout, certains espaces étant plus bitumés, précise dans le 19h30 l’architecte Laurent Guidetti. Pour lui, la végétalisation est une solution, au même titre que la désimperméabilisation des surfaces. Il faut "un sol vivant, qui n’est pas étanche", affirme-t-il.

Il milite pour une transformation des villes, qui doivent réduire l’espace dévolu aux automobiles. "Aujourd’hui dans un quartier comme sous-gare à Lausanne, 85% des espaces vides, les rues et les cours, sont dévolus à la circulation et au stationnement. Évidemment, si on veut désimperméabiliser le sol et planter des arbres, il faut absolument repenser la place de la voiture en ville", souligne-t-il.

>> Voir l'interview dans le 19h30 :

Laurent Guidetti, architecte et auteur du "Manifeste pour une révolution territoriale", en direct depuis Lausanne
Laurent Guidetti, architecte et auteur du "Manifeste pour une révolution territoriale", en direct depuis Lausanne / 19h30 / 3 min. / le 22 juillet 2022

La Ville de Genève, elle, a justement planté 1450 arbres depuis deux ans, contre 150 arbres en moyenne annuelle auparavant, surtout dans les espaces verts déjà existants. Mais elle a encore une marge de progression dans la rue, indique Alfonso Gomez, conseiller administratif vert de la Ville de Genève en charge de l’environnement.

Il annonce justement dans Forum que des places de parking vont disparaître pour laisser la place aux végétaux, voire à des forêts urbaines. "Nous avons dix à quinze ans de retard", regrette-t-il. "C’est la raison pour laquelle nous ne pouvons plus nous permettre de perdre le moindre temps, la moindre minute, oserais-je dire."

>> Ecouter l'interview dans Forum :

Vous nous demandez - Pourquoi ne plante-t-on pas plus d’arbres pour lutter contre la chaleur?
Vous nous demandez - Pourquoi ne plante-t-on pas plus d’arbres pour lutter contre la chaleur? / Forum / 5 min. / le 22 juillet 2022

Barcelone augmente la voilure

Autre exemple, en Espagne, où le problème est encore plus préoccupant, le mercure avoisinant les 40 degrés cet été. A Barcelone, les autorités municipales ont donc décidé de transformer 202 lieux publics en havre de paix climatique, tels des musées, des bibliothèques, des salles de sports ou des écoles. Concrètement, une salle est dédiée au rafraîchissement. On peut y disposer d’eau, une climatisation permet de réguler la température et du personnel monte la garde pour alerter les secours en cas de malaise.

"L’idée, c’est que chaque habitant ait un refuge climatique à moins de dix minutes à pied de chez lui", indique Jaume Barnada, coordinateur des projets d’écologie urbaine pour la Ville de Barcelone.

>> Voir le sujet du 19h30 :

La Ville de Barcelone transforme des bâtiments municipaux en refuges climatiques
La Ville de Barcelone transforme des bâtiments municipaux en refuges climatiques / 19h30 / 2 min. / le 22 juillet 2022

Là encore, pas besoin de technologies de pointe. Créer de l’ombre suffit souvent, comme dans la cour d’une école primaire, auparavant simple dalle en béton. La municipalité l’a complètement transformée, en ajoutant une pergola, des arbres et des jets d’eau. Des stores sur la façade de l’école, réglables en fonction de la luminosité, permettent de faire chuter de six degrés la température à l’intérieur du bâtiment.

On espère ainsi sauver des vies, car 1500 personnes meurent chaque année de la canicule en Espagne. "Des études l’ont prouvé: deux heures dans un endroit frais suffisent pour que le corps régule sa température et pour éviter les conséquences graves que la chaleur peut avoir sur l’organisme", souligne Sonia Jiménez, médecin urgentiste à l’Hôpital Clinic de Barcelone. Toutefois, les refuges permettent de soulager le mal, mais non de le guérir.

Propos recueillis par Loïs Siggen Lopez et Pietro Bugnon

Sujets TV: Nicolas Beer et Auriane Loiseau

Adaptation web: Antoine Michel

Publié Modifié