Pour Laurent Kaiser, le vaccin n'éviterait pas forcément la transmission de la variole du singe
L’Organisation mondiale de la santé a annoncé samedi un niveau d’alerte maximal face à cette maladie infectieuse. "Il y a un consensus, de la part des autorités mondiales de santé, pour dire que c’est une maladie extrêmement sérieuse et qu’il faut favoriser le développement de stratégies de santé publique et également la mise en place de stratégies de contrôle", souligne le médecin-chef.
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On pense alors automatiquement à une campagne de vaccination. Les stocks du sérum anti-variolique actuellement prescrit contre l'"orthopoxvirose simienne" sont peu garnis (quelques dizaines de doses en Suisse), explique Laurent Kaiser, car il n’était pas considéré comme prioritaire ces dernières années. Se pose aussi la question de savoir si le fabricant (la société danoise Bavarian Nordic, ndlr) arrivera à contenter tout le monde, sachant que la Suisse "n’est pas en tête de liste de ceux qui ont demandé des vaccins."
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Pas la panacée
Le corps médical n’a pour l'heure pas de certitude sur la capacité de ce vaccin à prévenir la contamination. Car celui-ci est dérivé du virus Vaccinia et est destiné à "prévenir une résurgence de variole", crainte comme agent bioterroriste. Or, "ici, c’est un cousin qui revient, qui n’est pas très virulent, mais qui fait partie d’une famille de virus qu’on n’a pas envie de voir circuler à travers le monde", explique Laurent Kaiser.
"Si vous faites le parallèle avec le Covid, vous voyez qu’on a un vaccin qui est (basé sur, ndlr) un cousin de l’Omicron. Il prévient de la maladie, mais pas forcément de la transmission. On pourrait être dans la même situation", prévient-il. Vu le manque d’expérience avec ce vaccin, "il faut aussi l’utiliser avec parcimonie", estime le docteur.
Agir sur les comportements
Selon le spécialiste des maladies infectieuses, il faut d’abord "rompre les chaînes de transmission", en évitant notamment les rapports sexuels sans protection ou avec des individus inconnus.
Pour l’instant, l'épidémie est en grande majorité restreinte à un groupe particulier, les hommes qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes.
"Mais je suis certain que si on laisse circuler ce virus, il y aura un risque d’adaptation et de transmission peut-être amélioré, comme on l’a vu des fois avec le Covid. Peut-être que cela peut prendre un mois, une année, dix ans. Donc, il est très important d’agir dès qu’on peut, avant que la transmission ne soit trop importante", soutient Laurent Kaiser.
Propos recueillis par Thibaut Schaller
Adaptation web : Antoine Michel