Le meilleur moyen de se protéger "est de réduire le risque de se retrouver exposé" à la maladie, a expliqué le directeur général de l'OMS, le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d'un point presse à Genève.
Plus de 18'000 cas de variole du singe ont été détectés dans le monde depuis le début mai en dehors des zones endémiques en Afrique. La maladie a été signalée dans 78 pays jusque-là et 70% des cas sont concentrés en Europe, 25% dans les Amériques, a précisé le patron de l'OMS.
Déjà 251 cas confirmés en Suisse
"Pour les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, cela veut aussi dire, pour le moment, réduire le nombre de vos partenaires sexuels et échanger des informations avec tout nouveau partenaire pour être en mesure de les contacter" en cas d'apparition de symptômes, pour qu'ils puissent s'isoler, a ajouté le Dr. Ghebreyesus.
Il a déclenché samedi le plus haut niveau d'alerte de son organisation pour tenter de juguler la maladie. Depuis la fin mai en Suisse, 251 cas ont été confirmés, dont une très grande majorité d'hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.
Alors que plusieurs pays administrent déjà le vaccin, ce dernier n'est pas encore disponible en Suisse. Face à la progression de la variole du singe, la communauté gay en Suisse est inquiète et demande à la Confédération d'agir rapidement.
Aller à l'étranger pour se faire vacciner
A Zurich, par exemple, un centre médical pour la communauté LGBT+ diagnostique 3 à 5 infections par jour depuis plusieurs semaines. Le centre souhaite que les autorités rendent disponible le vaccin nouvelle génération contre la forme classique de la variole, utilisée aussi contre la variole du singe.
"Beaucoup de nos clients vont dans les pays voisins pour se faire vacciner, en Allemagne ou en France, et nous trouvons que ça ne devrait pas être comme ça. La Suisse a un système de santé fantastique, nous devrions être capable de proposer ce vaccin", explique Benjamin Hampel, infectiologue et codirecteur médical du Checkpoint Zurich, dans le 19h30.
Pour Loïc Michaud, infirmier responsable du centre médical Checkpoint Genève interrogé à Forum, la Suisse "devient un pays qui s'isole par rapport à ceux qui nous entourent, et qui n'arrive pas à vacciner ou à répondre aux interrogations de sa population".
De son côté, l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) dit comprendre les incertitudes de la communauté homosexuelle. "La Confédération est en train d’évaluer les possibilités d'achat centralisé d'un vaccin contre la variole du singe", explique-t-elle.
Ne pas stigmatiser une communauté précise
La variole du singe n'est pas, en l'état actuel des connaissances, considérée comme une maladie sexuellement transmissible et tout le monde peut la contracter. Le contact peau à peau direct mais aussi les draps ou vêtements infectés sont des vecteurs de transmission de la maladie.
L'OMS insiste aussi beaucoup sur la nécessité d'éviter toute stigmatisation d'une communauté précise, qui pourrait amener ses membres à cacher la maladie, ne pas se faire soigner et continuer à la répandre.
"Ce que j'observe c'est que, dans le cas du Covid-19, le vaccin n'empêchait pas la transmission mais on l'a rapidement administré pour endiguer la pandémie. Alors aujourd'hui, on se questionne s'il faut attendre que ce virus change de communauté et qu'il s'impose à l'ensemble de la population pour avoir une réelle prise de conscience et qu'on nous vienne en aide", déclare Loïc Michaud au micro de Forum.
En effet, comme l'a rappelé le Dr. Ghebreyesus: "il est important de souligner que la vaccination ne protège pas instantanément contre l'infection ou la maladie et cela peut prendre plusieurs semaines". Une fois vacciné, il faut donc continuer à prendre des précautions.
Sujet TV: Séverinne Ambrus
afp/aps
Peu de doses disponibles
La vaccination s'effectue avec deux doses, espacées d'au moins 28 jours. Pour les personnes vaccinées contre la variole dans leur enfance, une dose suffit. Pour les immunodéprimés, une troisième dose est conseillée.
Pour l'instant, l'OMS souligne qu'il n'y a pas de vaccins pour tout le monde et recommande donc de donner la priorité à ceux qui sont le plus à risque, ceux qui sont malades et ceux qui les soignent ou font de la recherche.
La disponibilité des doses du vaccin du laboratoire danois Bavarian Nordic n'est pas immédiate, selon l'OMS. La plupart des 16 millions de doses sont en vrac et il faudra "plusieurs mois" pour qu'elles soient disponibles dans des fioles prêtes à l'usage. Deux autres vaccins LC16 et ACAM2000 sont aussi à l'étude.
L'organisation souligne qu'il serait bon d'éviter les erreurs commises dans la gestion de la pandémie de Covid-19, quand les pays riches se sont accaparé quasiment tous les vaccins disponibles pendant de long mois, et de partager équitablement les doses disponibles.