La célébration de la Fête nationale a débuté dimanche soir dans de nombreuses communes. Elle s'est poursuivie lundi, avec notamment le voyage ferroviaire du président de la Confédération à travers la Suisse. Ignazio Cassis a terminé son périple en toute fin d'après-midi à Lausanne, où il s'est rendu directement au nouveau quartier des arts de la capitale vaudoise.
Interrogé en direct dans l'émission Forum depuis Plateforme 10, le président de la Confédération a expliqué le pourquoi de ce voyage à caractère historique à travers la Suisse.
"Je voulais démontrer que notre pays a été très fort pour faire face aux crises à différents moments de son histoire", a-t-il souligné. "Il faut du temps, de la patience, du dialogue, mais il faut surtout de l'amour pour notre pays et une capacité à surmonter les crises, se réconcilier. C'est ça qui fait la force de la Suisse".
Liberté et démocratie comme fondements de la Suisse
Le conseiller fédéral s'est félicité que la Suisse ait réussi "depuis 731 années à bâtir un pays où la liberté et la démocratie sont les deux points principaux". Et nous nous sommes spécialisés dans les deux choses, a-t-il ajouté.
"Donc, si on arrivait à exporter davantage cette capacité, je crois que l'on pourrait enseigner des choses à des pays qui ont une histoire beaucoup plus récente, de 30 ans, et qui doivent encore apprendre à gérer des crises de manière pacifique".
Appel à la diversité et la réconciliation
Ignazio Cassis a effectué la première halte de son périple à Knonau (ZH). Lors d'un brunch à la ferme, il a rappelé que "rien n'est acquis" et qu'"il faut se battre pour préserver notre liberté et notre prospérité".
"Depuis le début de la pandémie, nous vivons dans un mode de crise permanent. La réalité a depuis longtemps dépassé notre imagination, et nous avons beaucoup d'imagination", a déclaré le Tessinois devant quelque 350 visiteurs réunis dans la grange de la ferme Stöckweid.
Ignazio Cassis s'est ensuite rendu à Granges (SO) puis à Yverdon-les-Bains (VD) avant de finir son périple à Lausanne. Il devait gagnerdans la soirée le bord du lac, à Ouchy, pour la cérémonie officielle.
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C'est la 3ème année consécutive que Lausanne accueille un ou une présidente de la Confédération à l’occasion de la fête nationale. Une fierté pour Christelle Luisier Brodard, la nouvelle présidente du Conseil d'Etat vaudois qui a accompagné Ignazio Cassis entre Yverdon-les-Bains et Lausanne.
L'ensemble des conseillers fédéraux ont sillonné la Suisse là l'occasion du 1er Août et ont prononcé leur traditionnel discours.
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Viola Amherd - Appel à la défense de la démocratie
A l'occasion de la Fête nationale, la ministre de la défense Viola Amherd a souligné lundi la valeur de la démocratie et de l'Etat de droit. Il faut les défendre face aux tendances antidémocratiques qui se font également jour au coeur de l'Europe.
Il y a toujours plus d'Etats au régime autocratique, a-t-elle mis en garde dans son discours à Winterthour (ZH). Des politiciens se servent d'un vernis de démocratie pour défendre leurs propres intérêts.
Les mêmes tendances existent en Europe. Certains dirigeants tentent de restaurer la prétendue "grandeur passée" de leur nation. Ils sèment la zizanie par le biais des réseaux sociaux bien au-delà de leurs frontières et jusqu'en Suisse, a déploré la Valaisanne.
Pour la conseillère fédérale du Centre, des institutions fiables et un ordre économique libéral ont permis à la Suisse d'arriver où elle est. A ses yeux, la Fête nationale est donc "une occasion en or de contrer" ces évolutions négatives.
Viola Amherd souhaite par ailleurs que soit réinterprété le passage du Pacte fédéral selon lequel "les juges étrangers ne sont pas tolérés, mais les rapports de domination existants doivent rester inchangés". Selon elle, la Suisse doit refuser de tolérer "les attaques contre les peuples épris de liberté" ou "nos valeurs libérales". La lutte des Ukrainiens montre que patriotisme et défense des valeurs libérales vont de pair, assure la ministre de la défense.
Guy Parmelin - Appel à "faire la fête"
Guy Parmelin a appelé les Suisses à célébrer la Fête nationale malgré l'atmosphère de crise régnant dans le pays. "Aujourd'hui, il ne faut pas se morfondre, mais faire la fête", a lancé le ministre de l'économie lors d'un discours dans une ferme d'Oberwald (VS).
Difficultés d'approvisionnement, hausse du coût de la vie, approvisionnement en énergie incertain pour l'hiver prochain, ambiance de crise généralisée: la Suisse traverse probablement la période la plus difficile depuis la dernière crise énergétique, il y a presque 50 ans, a-t-il dit, selon la version écrite de son discours.
"Malgré tout, nous devons aller de l'avant et rester aussi positifs que possible", a-t-il lancé. Dans son discours, le conseiller fédéral s'est montré confiant: "Demain aussi, le soleil se lèvera dans cette belle vallée et dans tout notre pays."
Mais cette confiance n'est pas gratuite. Elle nécessite des efforts pour que les Suisses et Suissesses puissent vivre dans un pays libre, prospère, indépendant et en paix. "Tout le monde est mis à contribution", a-t-il assuré, "notre société et nos institutions. Et naturellement aussi et avant tout le Conseil fédéral."
Le Vaudois a insisté sur les valeurs "suisses" et la volonté de promouvoir la cohésion nationale. La période troublée actuelle montre "qu'il y a des gens qui veulent bien faire, qui assument leurs responsabilités et qui font preuve de solidarité. Rien que cela est réconfortant", a-t-il dit.
Karin Keller-Sutter - Appel à défendre les "valeurs suisses"
La conseillère fédérale Karin Keller-Sutter a appelé quant à elle la Suisse à défendre ses libertés. "L'enjeu, désormais, ce sont nos valeurs", a-t-elle lancé lors de son discours au Moléson (FR), faisant référence à la guerre en Ukraine.
"Nous pensions être bientôt sortis d'une crise sanitaire sans précédent, voici que la Russie agresse l'Ukraine sous nos yeux incrédules. Du jour au lendemain, le retour des chars d'assaut dans une ville européenne, l'occupation d'un pays, la destruction de quartiers d'habitation à coups de missile et de mortiers", a déclaré la ministre de la justice.
"Ce qui semblait acquis ne l'est plus: nos libertés, notre sécurité, nos institutions, notre culture politique doivent être défendus. Dans la Berne fédérale, mais aussi chacun à son niveau", a ajouté la Saint-Galloise, selon la version écrite de son discours.
La conseillère fédérale PLR a reconnu que le pays se porte bien. "Mais comme le disait très sagement Raymond Aron, 'les valeurs de liberté sont toujours précaires, toujours menacées'", a-t-elle ajouté. "Rien n'est définitivement acquis".
En ces temps de crise, où "le nouveau courant normal est que l'impensable devient possible", Karin Keller-Sutter a appelé aux valeurs "suisses". "Ce qui a fait et fera encore la force de notre pays, c'est un mélange de bon sens, de rigueur, d'ouverture", a-t-elle insisté.
Simonetta Sommaruga - Appel au tournant énergétique
Simonetta Sommaruga a estimé lundi soir à Fribourg que "le tournant énergétique est à notre portée, même s'il faudra peut-être serrer les dents à certains moments et rogner un peu sur notre confort cet hiver". La socialiste a ainsi répété ce qu'elle avait déjà dit dimanche à Saas-Balen (VS).
La Suisse doit toutefois accélérer la production d'énergie sur son territoire. Et il faudra continuer à se retrousser les manches, "car pendant trop longtemps, nous nous sommes reposés sur les importations d'énergie", a souligné la conseillère fédérale. La solidarité est capitale, a-t-elle ajouté.
La crise actuelle peut aussi être une chance, a ajouté Simonetta Sommaruga. Et de rappeler qu'il y a 100 ans, la Suisse, très dépendante du charbon, a misé sur l'énergie hydraulique "en faisant courageusement de gros investissements dont nous profitons encore (...) Maintenant, c'est à notre tour".
"On ne peut pas continuer comme ça, avait martelé la Bernoise dimanche dans le Haut-Valais. Comme l'ont fait vos ancêtres avec les bisses en Valais, nous devons prendre notre destin en main". Alors que la Russie ferme les vannes de ses gazoducs, l'eau est plus précieuse que jamais, a-t-elle rappelé.
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"Maintenant, c'est au tour de la génération actuelle d'agir." Ce développement doit concilier les intérêts énergétiques et environnementaux. Les discussions entre les acteurs réunis il y a deux ans pour une table ronde ont été dures. "Mais à la fin, chacun s'est remis en question et a fait des compromis", a conclu la socialiste.
Alain Berset - Appel au dialogue
A Lucerne, Alain Berset a dénoncé de son côté l'intransigeance qui a prévalu ces dernières années et plaidé pour un retour au dialogue. "Nous avons trop parlé des autres au lieu de parler avec eux", a-t-il lancé dimanche.
Le conseiller fédéral a constaté que la culture des médias sociaux a bouleversé les débats politiques. "Certains ont fait de l'intransigeance une qualité, alors qu'elle n'est en réalité qu'une attitude de blocage." La volonté d'avoir toujours raison n'est autre qu'une "inaptitude à la démocratie", a-t-il dit selon la version écrite de son discours.
Les polémiques de ces dernières années ont en réalité affaibli la Suisse, a souligné le chef du Département fédéral de l'Intérieur (DFI). Sa culture politique parfois compliquée et sa diversité étonnante ne peuvent s'épanouir que si l'on se rappelle que "seules les bonnes solutions nous renforcent".
Pour relever les grands défis qui nous attendent, comme la guerre, la pénurie, l'inflation, le réchauffement climatique ou la prévoyance vieillesse, il est devenu encore plus important de se rapprocher les uns des autres. Le socialiste s'est montré optimiste à cet égard: nous savons tous que nous ne devons pas nuire à la culture politique, a-t-il dit.
Revenant sur les deux années de pandémie, le Fribourgeois a rappelé que "la crise du coronavirus a montré que nous avons le choix en tant que société". Le choix de relever ces défis grâce à notre culture du débat ou de camper sur nos positions en méprisant les autres. "A l'occasion de la Fête nationale, rappelons-nous ce qui nous unit vraiment", a conclu Alain Berset.
iar avec l'ats
Le discours du 1er Août, un exercice jamais simple
Le fond, la forme, le public, tout importe dans un discours du 1er Août, un exercice qui n'est jamais simple.
Valentin Emery en décrypte quelques clés dans Forum:
150'000 personnes pour les 30 ans des brunchs à la ferme
Quelque 150'000 personnes ont participé lundi au brunch à la ferme à l'occasion de la Fête nationale. Au total, 280 exploitations avaient préparé le traditionnel petit déjeuner paysan.
Le brunch à la ferme fêtait cette année ses 30 ans, précise l'Union suisse des paysans dans un communiqué. Six exploitations participent à l'aventure depuis le début.
Deux conseillers fédéraux ont pris part lundi à cette tradition. Le président de la Confédération Ignazio Cassis s'est rendu dans une exploitation à Knonau (ZH) tandis que le ministre de l'économie Guy Parmelin était à Oberwald (VS).
Avec quelque 150'000 visiteurs, le brunch à la ferme a retrouvé son affluence d'avant la pandémie. L'an dernier l'événement avait attiré quelque 70'000 visiteurs.