Le rapport trimestriel du marché du travail suisse de Jobradar, publié lundi, le confirme: les établissements hospitaliers doivent redoubler de créativité pour réussir à engager du monde.
En tapant simplement le mot "infirmière" dans le moteur de recherche d'une plateforme d'emplois, on peut voir que plus de 3000 offres ont été publiées le mois dernier. Mais en réalité, près de 7500 postes sont vacants dans toute la Suisse. Tous les hôpitaux cherchent du personnel, alors qu'ils sont saturés ou presque.
Des lits mais pas de assez de personnel
"On a la possibilité physique d'avoir des lits, le problème n'est pas là", a souligné Stéphane Brand, directeur des opérations et des systèmes d'information de l'Hôpital fribourgeois, mardi dans La Matinale de la RTS. "Mais pour avoir des lits et mettre des patients dedans, il faut le personnel médico-soignant et c'est là que le bât blesse".
L'Hôpital du Valais, lui, a dû reporter des opérations cet été par manque de personnel hyperspécialisé comme des infirmières instrumentistes. Mais l'établissement cherche des ressources dans ses murs.
Des formations qui prennent du temps
"Nous avons ouvert par exemple plus de possibilités de former du personnel", détaille la directrice des soins Hélène Hertzog. "Mais il faut du temps pour former les gens, ça ne se fait pas du jour au lendemain".
Le Centre hospitalier de Bienne, de son côté, a engagé du personnel qui commencera à travailler cet automne. Mais il reste encore 55 postes vacants. En plus des canaux traditionnels, il développe via Instagram un réseau d'influenceurs au sein du personnel. Ceux-ci relaient les offres d'emploi avec un système de points.
"Ils vont recevoir des points pour un post grâce auquel on a trouvé quelqu'un, qu'ils peuvent convertir en week-end dans un hôtel, ou un restaurant", explique le directeur de l'hôpital Kristian Schneider.
Pas question de "piquer" du personnel en France
Il n'est cependant pas question d'aller chercher activement du personnel à l'étranger. "Pour moi, ce n'est pas une option, c'est une question éthique", dit-il. "Ce sont des gens dont la France et l'Allemagne ont aussi besoin. Ce n'est pas à nous de 'piquer' ces compétences, nous devons chercher des solutions chez nous".
Globalement, les hôpitaux affirment avoir entamé une réflexion sur la mue indispensable des conditions de travail. Les EMS et les soins à domicile sont également concernés par cette pénurie de personnel soignant.
>>
Deborah Sohlbank/oang